Le Séminaire de Rimouski

Notes historiques complémentaires


Doc. 1950A   6 mai 1950 : La nuit rouge

La date du 6 mai 1950 est gravée à jamais dans la mémoire des Rimouskois. Aux environs de six heures du soir, une sirène d'alarme retentit. Un feu s'est déclaré dans la cour à bois de la Price Brothers! Le vent soufflait avec une violence inhabituelle ce jour-là. Vraisemblablement, il aurait fait tomber une ligne électrique sur une pile de bois de sciage. Rapidement, quinze millions de pieds de bois s'embrasent sur la rive ouest de la rivière Rimouski. Le vent, qui souffle en direction est, provoque une pluie de tisons sur la ville. Aux environs de sept heures, dans la rue Sainte-Marie, la demeure d'Adélard Dextrase s'enflamme. Le feu a traversé la rivière! Et il s'étend aux maisons, aux commerces et aux édifices publics situés à proximité. Poursuivant sa marche vers l'est, le feu s'attaque successivement au Manoir seigneurial, au Couvent des soeurs de l'Immaculée-Conception, à l'Hôpital Saint-Joseph, au Petit Séminaire, à l'Hospice des soeurs de la Charité, au Palais de justice...Heureusement, les flammes s'arrêtent aux abords de la cathédrale qui est ainsi épargnée.

Le feu a couru toute la nuit. Le lendemain, les Rimouskois constatent les dégâts. Du côté ouest de la rivière Rimouski, les installations de la compagnie Price Brothers ont été complètement détruites. Du côté est, le feu a rasé le quadrilatère formé par les rues Tessier, Saint-Germain, Évêché et Cathédrale. C'est approximativement le tiers de la ville qui a disparu. Si plus de 2 000 personnes se retrouvent sans abri, on ne déplore aucune perte de vie. Alarmés par l'ampleur de la catastophe, les divers paliers de gouvernement débloquent rapidement des fonds pour venir en aide aux sinistrés. L'événement, rapporté par des journaux du monde entier, provoque un vaste mouvement de solidarité. De la nourriture, des vêtements, des meubles et des matériaux de construction sont offerts généreusement aux Rimouskois.

L'avenir apparaît bien sombre à la suite de cette tragédie. La ville a perdu son principal employeur, la Price Brothers, ainsi que de nombreux commerces et entreprises. On s'interroge sur l'avenir économique de la ville. Rimouski deviendra-t-elle une ville fantôme, désertée par ses habitants? Ce scénario pessimiste ne se réalisera pas. Au contraire, la ville de Rimouski fait preuve d'un dynamisme étonnant. La reconstruction s'effectue à un rythme effréné. L'économie poursuit sa croissance. La ville enrégistre même sa plus forte croissance démographique entre 1950 et 1960. Le feu permet également l'adoption de nouvelles normes urbanistiques et facilite la modernisation du commerce de détail. Bref, cet épisode tragique constitue un nouveau départ pour la ville. Rimouski renaît de ses cendres.

Jeannot Bourdages et al. (Rimouski depuis ses origines, Rimouski, 2006, p. 227)

Doc. 1950B   Evaluation des pertes du Séminaire

Voici l'évaluation faite à l'intention de la Commission fédérale-provinciale chargée de la distribution du montant de 5 millions de dollars destinés aux sinistrés de Rimouski dont 2,750,000 $ destinés aux institutions (hôpital, orphelinat, Ecole apostolique et Séminaire; l'Institut de technologie et l'Ecole de marine émargeaient à un autre budget).

A.     VIEUX SÉMINAIRE
 
  Bâtisse no. 1 (partie est)
 

 
Perte totale 475,200
 
  Date de construction : 1875 (édifice construit par les Soeurs de la Congrégation Notre-Dame et acheté par l'évêque, le 4 juin 1882, suite à l'incendie du 5 avril 1881)   
  Usage : 5 réfectoires, 2 chapelles, 50 chambres de prêtres, 10 chambres de vieux serviteurs
 

  Bâtisse no. 2 (partie ouest)
 
  Perte totale 282,800
Date de construction : 1905
Usage : cuisine, infirmerie de 31 lits et 32 chambres de prêtres.  
 


Bâtisse no. 3 (magasin) 
  Perte totale 3,200
  Date de construction : 1906
  Usage : magasin pour la cuisine, entrepôt et réception de marchandise.
 
 
  Bâtisse no. 4 (boucherie)
 
  Perte totale 2,375
  Date de construction : 1934  
  Total 773,575

B.     DÉPENDANCES
 
  Bâtisse no. 5 (couvent)
 
Perte totale 75,504
  Date de construction : 1915  
  Usage : résidence des religieuses.
 

 
  Bâtisse no. 6 (résidences, ateliers, buanderie)
 
Perte totale 152,144
  Date de construction : 1948
  Usage : garage, atelier, ferronnerie, hébergement.
  • rez-de-chaussée : partie buanderie, chambre des transformateurs et magasin
  • 1er étage : logements des religieuses et desservantes.
  • 2e étage  : logements des religieuses et desservantes.
 
  Bâtisse no. 7
 
  Perte totale 37,950
  Date de construction : 1915  
  Usage : Buanderie, chambre des dynamos et des pompes.
 
 
  Bâtisse no. 8 (chauffage central)
 
  Perte partielle 16,000
  Date de construction : 1915 (vieille partie), 1947 (nouvelle partie)
  Usage : 3 bouilloires (vieille partie), 1 bouilloire et un séchoir à bois (nouvelle partie)
 
 
  Bâtisse no. 9 (soutes à charbon)
 
  Perte partielle : toiture et parties en bois 13,500
  Date de construction : 1935  
  Usage : peut contenir 30 chars à charbon
 
 
  Bâtisse no. 10 (entrepôt et remise générale)
 
  Perte totale 43,200
  Date de construction : 1947
  Usage : entrepôt de la boulangerie/meunerie et réserve de bois dans la cave
entrepôt de la ferronnerie au rez-de-chaussée
remise générale à l'étage supérieur
 

 
  Bâtisse no. 11 (boulangerie et meunerie)
 
Perte totale 80,000
  Date de construction : 1937
  Usage :
  • sous-sol : boulangerie et meunerie
  • rez-de-chaussée : partie des provisions de la cuisine et entrepôt de grains
  • étage : atelier de bois
  • mansardes : remise à bois

 
  Bâtisse no. 12 (passerelle)
 
Perte totale 875
  Date de construction :  
  Usage : communication entre le vieux séminaire et les dépendances
 

 
  Total 419,173
C.     NOUVEAU SÉMINAIRE
 
  Bâtisse no. 13 (corps central)
 
Perte partielle 10,000
  Date de construction : 1921
  Dommages :
  • entretoît, toît et corniches détruits,
  • 2 clochetons détruits et galeries endommagées

 
  Bâtisse no. 14 (chapelle)
 
Perte partielle 55,470
  Date de construction : 1921
  Dommages :
  1. toitures, corniches, paratonnerre et ventilateurs;
  2. 17 chambrettes détruites autour de la chapelle;
  3. chapelle et sacristie : 5 fenêtres détruites, dommages par l'eau et la fumée;
  4. salle académique : plancher de la scène détruit, 12 fenêtres 3'x6', 6 fenêtres 4'x6', 6 fenêtres 2'x6' et 5 portes détruites; plafond à refaire à 75%,
    électricité à refaire et 120 pieds linéaires de bancs détruits dans la galerie est;
  5. réfectoire : 6 fenêtres et 4 portes détruites; électricité à refaire.

 
  Bâtisse no. 15 (jonction entre nouveau et vieux séminaire)
 
Perte partielle 4,000
  Date de construction : 1921
  Dommages: toît, portes et fenêtres détruits.
 

 
  Total 69,470
 
D.     BÂTISSE EN VILLE 20,183
 
E.     ÉQUIPEMENT
 
a) Cuisine 61,400
b) Sacristie 26,700
c) Buanderie 18,937
d) Ateliers de fer et de bois 11,500
e) Meunerie et boulangerie 48,800
f) Provisions de grains de semence et moulée 15,000
g) Autres provisions 4,500
h) Matériaux de construction 4,000
i) Lingerie 16,000
j) Meubles 45,000
 
 
Total 261,837
RÉSUMÉ :
 
A.  Vieux séminaire 773,575
B.  Dépendances 419,173
C.  Nouveau séminaire 69,470
D.  Propriété en ville 20,183
E.  Équipement 261,837
 
PERTES TOTALES :
 
1,544,238
ASSURANCES TOTALES :
 
462,966
PERTES NETTES :
 
1,081,272




Doc. 1950C   Une rivière à traverser

Dans l'édition du mardi 8, l'envoyé spécial du journal Le Soleil, Marc-Henri Côté, racontait ainsi son arrivée à Rimouski et ses premières impressions sur le désastre: [...] Je suis entré à pied, à Rimouski, à onze heures, dimanche matin, par la seule issue vers l'ouest, le pont du chemin de fer Canadien National. La ville que je connais bien présentait un aspect sinistre. Les points qui auraient pu m'orienter n'étaient plus que des décombres fumants. [...] Des milliers de personnes ont franchi ce pont dimanche, à la recherche d'un parent, d'un ami ou encore pour évacuer la ville. Il est situé à proximité des moulins de Price Brothers et l'on a pu le franchir avant l'aube dimanche matin, alors que les ruines du vaste établissement Price Brothers se sont refroidies et que les préposés à l'entretien de la voie aient réparé les rails tordus par la chaleur sur la voie principale, à l'entrée du pont dont quelques dormants ont aussi été changés.
Cette seule issue à la ville de Rimouski du côté ouest est un pont à claire-voie, sans garde-fous. Il fallait river les yeux sur la personne qui nous précédait pour éviter le vertige. Le passage ne manquait pas d'être périlleux par un vent de 60 milles à l'heure, au moins.
J'ai vu les rails tordus qui ont été enlevés. La chaleur du brasier chez Price Brothers devait être d'une intensité infernale.[...] Les établissements de cette entreprise s'échelonnent le long de la rivière Rimouski, sur une étendue d'un quart de mille. [...]
La chaussée du pont de fer de la route, éloigné de quelque 700 pieds du pont du chemin de fer, plus près du confluent de la rivière et du fleuve, a été complètement incendiée. [...]

Marc-Henri Côté
(« À Rimouski pendant le désastre », Le Soleil, 8 mai 1950, p. 1 dans Maude Flamand-Hubert, Rimouski: 6 mai 1950 ),
(« La plus grande catastrophe de l'histoire du Bas-St-Laurent », Collection Les Cahiers de l'Estuaire, no 4, 2007, p. 6).

Doc. 1950D   Chronique d'une organisation provisoire et d'une reconstruction

Cette chronique a été rédigée à partir de notes manuscrites de l'abbé André-Albert DeChamplain et d'informations contenues dans les discours du Chanoine Louis Martin, supérieur du Séminaire

1950

 
15 mai Les prêtres mangent dans la salle d'étude des Petits, pour la première fois, ce soir.
20 mai Ce matin, les prêtres célèbrent leur messe dans leur salle de récréation (tabagie).
31 mai On finit de déblayer les ruines du vieux séminaire.
1er juin On commence à refaire le toit de la chapelle.
5 juin Signature du contrat de reconstruction et de réparation entre le séminaire et l'architecte Albert Leclerc.
29 juin Le Moulin Price recommence aujourd'hui à scier du bois.
12 juillet On commence le footing du séminaire
1er septembre Les prêtres inaugurent leur nouveau réfectoire : la salle de la fanfare.
17 septembre Ce dimanche, les prêtres recommencent à célébrer leur messe dans la chapelle restaurée.
19 septembre On pose les premiers rangs de pierres du Couvent des Soeurs de la Sainte Famille.
21 septembre On termine le ciment des fondations de l'aile arrière du séminaire; on commence à poser la double armature du premier plancher.
6 novembre L'armature du plancher est terminée; on attend le ciment.
8 novembre On reçoit deux chars de briques.
14 novembre On commence à couler le plancher du rez-de-chaussée par l'emplacement de la cuisine.
15 novembre On termine de couler le ciment du premier plancher : 2 100 sacs de ciment...
20 novembre On commence la pose des premières pierres au coin nord-ouest de la résidemce des prêtres

1951
 
3 janvier La reconstruction de la meunerie est terminée.
19 janvier À l'abri de toiles, les briqueleurs montent les murs du couvent des religieuses.
27 janvier On pose le verre coloré aux grandes fenêtres de la chapelle.
5 février La meunerie entre en opération.
8 février Première fournée de pain dans la nouvelle boulangerie.
27 février La pose de la brique sur le couvent et la buanderie est terminée.
26 mars On commence l'érection de la structure d'acier de l'aile arrière du séminaire.
16 avril On reprend la pose de la pierre interrompue pendant l'hiver.
19 avril On termine aujourd'hui la structure d'acier : 168 tonnes d'acier, plus de 750 pièces.
21 avril On pose les premières briques du séminaire, coin nord-est.
24 mai Les murs de briques montent bien : deux étages sont déjà édifiés.
2 juillet On termine la pose de la brique.
30 juillet On installe la machinerie dans la nouvelle boutique.
fin août Les religieuses et leurs auxiliaires occupent leurs nouveaux quartiers.
27 décembre On installe le poêle dans la nouvelle cuisine.
29 décembre Ce soir, les prêtres mangent, pour la première fois, dans leur nouveau réfectoire.

1952
 
8 février L'ascenseur de la résidence des prêtres est mis en service aujourd'hui.
9 avril La construction est officiellement terminée.
4 novembre Bénédiction par Mgr Charles-Eugène Parent, Archevêque de Rimouski.



Quelques statistiques relatives à la reconstruction :

1 900 000 pieds d'espace
1 200 000 briques
110 000 pieds de plancher finis en terrazzo, tuiles de caoutchouc ou linoleum
560 fenêttres et environ 700 portes...




Doc. 1950E   À la veille du recensement de 1950...

« Aller se faire inscrire dans sa patrie d'origine occasionnerait bien moins de tracas, vous en conviendrez, que de visiter aveuglément le Séminaire au lendemain de la "nuit rouge" pour y faire le relevé topographique de ses habitants. En effet, croira-t-on, chacun dut invoquer le génie qui préside à sa vie pour s'y établir un confortable foyer, en dépit de la crise du logement provoquée par le désastre. Cependant, après coup, on constate qu'il n'y a rien de mystérieux dans l'établissement des prêtres sinistrés au coeur de cette maison "beaucoup trop grande"!
[...]
L'étage inférieur n'avait pas à sacrifier les salles d'étude. Aussi, n'y touvons-nous que M. le Supérieur, qui se contente de la chambre du Père prédicateur, attenante au salon-tabagie, en face de la Préfecture; et, au bout du chemin royal, M.1'abbé Grégoire Riou, vivant à l'étroit dans l'ancienne chambre à coucher de M. le Directeur. Que le sommeil doit être cher sur cette voie d'évitement contigue a l'escalier des élèves! Somme toute, le premier plancher a conservé son allure authentique.

Le gros du contingent, vous le rencontrez au deuxième plancher: là s'est arrêté le gros flot des émigrés. Commençant par le centre, nous entrerons sans frapper à la tabagie pour découvrir un petit corridor sombre. Le premier habitant du rang n'est autre que le Directeur de la prospère "Colonie de vacances", M. l'abbé Louis-Georges Lamontagne. Ses voisins immédiats, deux vaillants régents, dans leur lisière de chambre (7X20) ont mis tout en commun au point d'y confondre copies de grec et de maths: MM. les abbés Roland Beaulieu et F.-X Belzile. À côté, dans une pareille demeure, M. l'abbé Roger Tremblay dont les occupations n'autorisent pas la vie commune; il connaît comme voisin M.l'abbé Norbert Roussel, maintenant seul, son compagnon n'ayant pu survivre à ce régime (faute d'espace). Dans son bureau, M. le Directeur de la chorale se croirait à la tabagie, de sorte qu'il ne peut faire entendre sa belle voix, au risque de déranger le ramage des professeurs attardés là ou de faire pâlir les traits d'esprit lancés aux heures des journaux.

Quittons ce centre hospitalier et, un peu en amont nous découvrirons la tente de M. l'abbé Armand Lamontagne, dans l'ancien 1oyer de M. Santerre (1ère classe sud-ouest). Il partage le couvert avec son neveu l'abbé Réal; dommage que cet événément ne soit arrivé, dix ans plus tôt : que de permissions épargnées pour atteindre la chambre de mon oncle! Presque en face, dans une autre classe, deux bons copains ont établi leurs quartiers: hommes de sciences, gens de lettres, vous êtes les bienvenus chez MM. les abbés Ludger Rioux et Marc-Henri Lebel. Plus en aval du côté est, vous rencontrerez un infirmier et comme il se doit, son infirmerie. Dans le vestibule de cette dernière en l'occurence deux classes "de tous les côtés au soleil exposées", l'abbé Plourde fait son Père Damien, religieusement secondé par M. l'abbé Lorenzo D'Auteuil dont les appartements sont coincés entre ceux de l'infirmier et ceux de l'infirmerie.

Si notre sympathie pour les malades ne nous retient pas longtemps, rien ne nous empêchera de nous rendre saluer les gens de l'étage supérieur, aimables, vous n'en doutez pas. Sept nouveaux locataires égaient 1a vie de cette région. La chambre du centre (sud-est), en face de la bibliothèque est occupée par M. l'abbé Philppe-Auguste Lavoie, tandis que M. l'abbé Talbot, son deuxième voisin vers l'ouest, habite la chambre du coin sud, et avec cela n'est qu'à deux pas du musée. Une fois rendus au musée, pourquoi ne pas en profiter pour visiter M. l'abbé Grégoire Bélanger qui, à proximité, dans le cabinet de Physique, mène une vie à l'orientale? Déménageons-nous à l'extrémité opposée (coin sud-est) et nous sommes chez M. l'abbé Charles Morin que nous trouvons au milieu d'instruments de fanfare. Et, si la fantaisie nous prend d'arrêter à la classe d'en face, nous nous croirons au milieu d'une de nos grosses familles ou dans le vestibule d'une hôtellerie: tels de pauvres chameliers partageant le bas-côté du sombre caravansérail, MM. les abbés Martin Proulx, Louis-Jacques Morissette et Jean-Luc Thériault forment un noyau de communauté; c'est l'« openfield » pratiqué dans toute sa rigueur. A n'en douter, ce sont des surveil1ants dont le sort ne pique pas l'envie des élèves.

Pour descendre, prenons l'escalier central: nous pourrons en passant jeter un coup d'oeil à la chapelle, à la salle des fêtes, toutes deux passablement rajeunies. De plus, ça nous permettra de photographier le logement de M. l'abbé Charles Parent, vivant dans une espèce de "Jardin suspendu", un paillasson jeté au milieu de son bazar sur le parapet de la scène du théâtre (côté nord-ouest).

Quittons la maison-mère pour terminer en hâte notre pèlerinage. En passant à l'Ecole Technique, consultons la carte touristique de la présente institution pour repérer la chambre de M. l'abbé Léo Lebel. Et, sans nous arrêter à l'Ecole de Commerce, envahie par les bureaux du Palais de Justice, filons à l'Ecole d'Agriculture, où nous serons aimablement accueillis par 1'abbé Brûlé qui a un magnifique logement (bienveillance de M. le professeur Michaud), mais qui, en passant, dort dans une chambre pas mal alambiquée... Alors, fourbus, nous serons contents d'arrêter au Grand Séminaire pour nous reposer quelques instants à cette oasis bienfaisante.

Le trouble de monter au deuxième étage, et vous rencontrerez sept confrères, résignés pour la plupart à recommencer en partie leur noviciat. Dans la grande chambre qui coudoie la chapelle vous reconnaîtrez M. l'abbé Gauvin. En face, quelqu'un qui est bien convaincu d'avoir terminé son stage de Grand Séminaire: M. l'abbé Beauchemin avec sa suite (deux cellules!). De voisin à voisin, vous verrez M. l'abbé Emilien Gagnon, Mgr Lionel Roy, M l'abbé Yves-Marie Dionne, tous de bons compagnons, silencieux... et M. l'abbé Blais, un ancien professeur bien connu. Pour terminer, si vous ne craignez pas les courants d'air, frappez à 1a chambre froide d'en face (no 1) et vous trouverez son locataire, bouquinant dans la bibliothèque miniature ou collectionnant des découpures de journaux: M. l'abbé Ernest Simard. Vous pourrez trouver là tous "renseignements supplémentaires". Quant aux services auxiliaires, notons la mobilisation de la "Salle des beaux-Arts" et des trente-deux chambres pour les besoins des religieuses; la salle de fanfare occupée par le réfectoire des prêtres; 1a salle d'athlétisme (0 muscles, vous avez connu vos beaux jours!) pour les réserves de la cuisine, qui de son côté occupe la moitié du réfectoire; l'ancienne salle de tir, transformée naguère en salle de lecture pour les Petits, et assignée depuis aux aides féminins; enfin, une partie du musée, comme oratoire des congréganistes. Soit dit en passant, la Congrégation n'est pas pour cela devenue article de musée: elle est plus vivante que jamais.

Au terme de ce pèlerinage, qui n'a pas valeur de Jubilé, profitons-en pour saluer tous ceux qui nous ont témoigné de la sympathie lors de l'épreuve de mai dernier. Affectée dans ses membres, l'Alma Mater a le coeur bien vivace : un regain de vie cache déjà les cendres qui couvent dans leur sein une vitalité puissante et des gerbes de souvenirs impérissables.
[...] »

Ernest Simard, ptre
(Bulletin de l'Amicale, No 177, 22è année dans Vie Écolière, no 501, déc. 1950, pp. 14-15.)

Doc. 1951   L'histoire à grandes enjambées...

     31 mars 1892 : fondation du premier journal du séminaire: le Jeudi.
     23 juin 1892 : douzième et dernier numéro du Jeudi.
     27 octobre 1911 : premier numéro de la Vie Écolière, entièrement rédigé à la main.
     9 novembre 1911 : deuxième numéro; l'en-tête seule est imprimée.
     10 juin 1915 : premier numéro imprimé.
     28 février 1930 : premier bulletin de l'Amicale.
     27 février 1933 : apparition du premier cliché sur la page-couverture: celui de feu Son Exc. Mgr A. Mélanson.
     1er juin 1936 : numéro-souvenir du vingt-cinquième anniversaire.
     1er octobre 1936 : premier numéro en couleur (encre bleue).
     Janvier 1951 : célébration du quarantième anniversaire avec la parution du cinq cent deuxième numéro.

(Vie Écolière, no 502, janvier 1951, p. 5)

Doc. 1952A   Récit du Supérieur

« Même la partie épargnée de l'édifice était à peu près inhabitable. [...] Il ne restait absolument rien de ce que nous appelions le vieux Séminaire, si ce n'est des pans de murs branlants qu'il fallait se hâter de faire tomber. [...] Au matin du 7 mai, donc, l'ancien couvent des dames de la Congrégation, l'aile de 1905 comme on l'appelait, le couvent des religieuses, la résidence de leurs auxiliaires tout récemment construite, la buanderie, les ateliers de réparations, la menuiserie, la boulangerie et leur contenu, tout cela était réduit en cendres. La destruction complète de la cuisine centrale, les dégâts de la fumée dans cette partie de l'édifice épargnée [aile 1922] obligèrent tout le monde, ou presque, à la dispersion pour le logement et les repas. Mais grâce au dévouement de tous, professeurs et personnel de service, il fut possible au bout de quelques jours de reprendre au moins un semblant de vie de communauté. [...] De fait, moins de huit jours après le feu, le déblaiement commençait, dirigé par des prêtres transformés en contremaîtres d'occasion. Il fallait en même temps sauver tout ce qui pouvait servir de quelque façon. Au-delà de 600 000 briques furent ainsi nettoyées et classées qui se retrouvent aujourd'hui dans les murs de la maison neuve.

Entre temps, il fallait songer à la reprise des cours pour l'automne. Et de fait dès le 15 septembre suivant nous pouvions recevoir tous nos élèves sans leur demander de trop grands sacrifices. La cuisine pour 1 000 personnes fut installée à même le grand réfectoire. Les professeurs logeaient à deux dans des classes libres ou dans des cellules de carton aménagées temporairement. Nos bonnes soeurs occupaient une salle sous le hall d'entrée, pour en faire leur réfectoire, leur salle de couture, de récréation, d'exercices et enfin leur chapelle. L'infirmerie des élèves s'installa elle aussi dans des classes [...]

Et petit à petit l'on vit monter les murs des nouveaux édifices. Ce fut d'abord la section des hangars et des ateliers dont les plans exigeaient moins d'étude et d'élaboration. Puis le couvent des religieuses, la résidence des auxiliaires et la buanderie étaient prêts en septembre dernier [1951]. Enfin, en janvier [1952], la cuisine centrale, les réfectoires du personnel et quelques chambres pouvaient être occupés. Aujourd'hui [mai 1952], constructions et réparations sont terminées. Il ne reste plus de traces de l'incendie du 7 mai 1950. Le cauchemar s'est dissipé. Les professeurs sont installés dans une maison que nous avons voulu simple et sans luxe, mais qui offre toutefois un minimum de comfort que saint Thomas ne trouve pas inutile à la pratique de la vertu, et qui devrait, en tout cas, favoriser le recueillement et le travail.

Les religieuses elles-mêmes ont vu leurs conditions de logement améliorées et quelque peu modernisées, sans dérogation pourtant à l'esprit de pauvreté... Il en est de même pour le personnel auxiliaire.

Excellence Révérendissime, nous avons pensé que nos hommages pourraient prendre comme objet, cette année, ce retour de la maison à des conditions de vie normale. A vous, premier Supérieur du Séminaire, nous offrons donc en hommage la maison réparée et reconstruite. Nous vous demandons d'en prendre en quelque sorte possession avec tout ce que la restauration a pu comporter de bonne volonté, de renoncements de toutes sortes et de dévouement à l'oeuvre centrale et essentielle.

Nous sommes d'autant plus heureux de vous offrir nos hommages, sous cette forme que nous n'oublions pas que durant la période difficile qui se termine aujourd'hui, nous avons été l'objet de votre intérêt constant et paternel. Nous voulons donc ajouter l'hommage de notre filiale gratitude à Votre Excellence pour l'appui et l'encouragement qu'elle apporte tous les jours à notre bonne volonté. Votre Excellence peut encore compter sur le modeste secours de nos prières quotidiennes pour la conservation d'une santé précieuse à tous, et pour que Dieu transforme en grâces de salut, dans l'âme de tous, chacune des activités de votre zèle pastoral. Ad multos et faustissimos annos... »

Chanoine Louis Martin
(Mai 1950...mai 1952, Le Centre St-Germain, Rimouski, juin 1952, no 6, p. 172-173)

Doc. 1952B   Remerciements du Supérieur

Extrait du discours prononcé par M. le Chanoine Louis Martin, Supérieur, lors de la bénédiction du séminaire reconstruit, le 4 novembre 1952.
[...]
« Et j'ai maintenant l'agréable tâche de remercier encore une fois tous ceux qui nous ont aidés à réaliser ce que vous voyez. Je suis très heureux de placer en tête de la liste chacun de nos deux gouvernements. Je n'hésite pas à dire qu'ils ont sauvé le Séminaire de très graves difficultés financières. Depuis trente ans, la population du diocèse a fourni un effort magnifique pour soutenir l'oeuvre et lui permettre de répondre aux besoins de la région. Malgré cela, et en dépit de l'octroi annuel du gouvernement de la province, la construction de 1922 n'était pas encore complètement payée lorsqu'est survenu l'incendie de mai 1950. Il est impossible, même par des assurances, de parer complètement à de tels accidents. Nous ne pouvions songer à faire de nouveau appel à la population du diocèse; par ailleurs, il ne pouvait être question de remettre à plus tard, la réparation des dégâts. Je vous laisse à penser quelle fut notre perplexité pendant les premières semaines, devant l'obligation de construire sans retard, et avec la perspective de monter une dette au delà du million et demi.

Cette fois encore, la Providence est intervenue, et elle s'est montrée sous la physionomie intelligente et généreuse de nos gouvernants. Leur action prompte a tout de suite mis un rayon d'espoir devant nos yeux, et les faits subséquents ont parfaitement justifié nos espérances.

Quand la Providence s'en mêle elle fait bien les choses. Et c'est pour cela que la distribution des secours a êté confié à des hommes dont la largeur de vues et le dévouement ont fait notre admiration. Je n'aurais pas besoin de nommer le Brigadier Antonin Thériault, Monsieur Edouard Laurent, Me Paul-Emile Gagnon, et leur comptable M. Thomas Brisson.

Eux aussi ont droit à nos remerciements. J'étais assez bien placé pour savoir qu'ils se sont donné beaucoup de peine. Je ne sais pas évidemment s'ils ont réussi à contenter tout le monde... Mais pour ce qui nous concerne, ils peuvent compter sur notre entière satisfaction et sur notre plus vive gratitude.

Je veux remercier encore une fois tous ceux qui nous ont aidés dans les premiers jours qui ont suivi l'incendie. Je ne veux pas mentionner de noms ici; mais je puis rappeler que certaines offrandes représentaient de réels sacrifices qui nous ont émus profondément; et c'est bien le signe que la charité chrétienne est encore bien vivante.

Nos remerciements vont encore à ceux qui ont été les artisans immédiats de la reconstruction. On me permettra de mentionner tout d'abord notre aimable architecte, M. Albert Leclerc, dont la compétence, la générosité, et aussi la patience rendent bien faciles les relations que l'on peut avoir avec lui.

Merci également à nos contremaîtres, nos entrepreneurs en brique, chauffage, électricité, et à tous nos ouvriers, dont l'activité nous a permis d'établir presque un record de vitesse, et par conséquent d'économie.

Et je n'oublie pas nos fournisseurs de matériaux, ou encore ceux qui, dans les moment où le ciment devenait rare, ont fait, comme M. le député Rousseau, des démarches en notre faveur.

Et si j'avais oublié quelqu'un, je veux bien qu'on sache que notre reconnaissanoe va à tous ceux qui de près ou de loin, nous ont rendu quelque service.

Grand merci enfin, à toux ceux qui ont bien voulu accepter de venir avec nous remercier Dieu de ses bienfaits, et le supplier de nous continuer sa protection pour le succès de l'oeuvre chère à tous. »

Doc. 1953   Un cardinal parle à des étudiants

(Note: Quelqu'un devait enregistrer le discours de Son Eminence. Des malentendus de dernière heure l'en ont empêché. Nous en sommes réduits à quelques notes d'un pauvre photographe qui a essayé de saisir le torrent dans ses endroits les plus calmes.)

« Je viens à vous dans un climat d'amitié pour prendre un contact d'âme.

Le pape. Derrière mon vêtement vous devez distinguer la blanche silhouette du Pape... Vous avez dû déjà regarder la flamme: au centre, c'est un foyer plutôt blanc presque invisible. C'est en dehors de ce foyer, qu'elle devient rouge et visible. Mais la partie rouge ne réchauffe et ne devient visible qu'à cause de ce foyer intérieur et comme invisible...
Toutes les sciences peuvent se tromper, du moins dans leur application technique par l'esprit humain. "Errare humanum est." L'erreur, c'est l'avion qui plonge, c'est le navire qui file sur un récif, c'est le médecin qui fait un faux diagnostic, c'est un chirurgien dont la main tremble... c'est l'avocat qui plaide une cause injuste. Seul un homme a le privilège de ne pas se tromper: c'est le Pape. C'est le pilote qui nous guide vers le port de toute sureté; c'est le médecin qui voit les malades du monde, c'est le chirurgien dont le coup de bistouri va droit à la tumeur; c'est l'avocat qui plaide la cause de Dieu. Quelle joie pour le passager, pour le malade, pour le coupable d'être à l'abri de sa houlette.

L'Eglise. Je viens vers vous ni comme un savant ni comme technicien. Je viens vers vous au nom de l'Eglise. L'Eglise se sert de toutes les techniques de la terre; elle accepte toutes les inventions du siècle pour sa fin qui est la prédication du message évangélique. Toutes les objections contre l'Eglise regardent son existence dans le passé; on parle encore de l'Inquisition et des Cardinaux du temps de Saint-Bernard. L'Eglise a toujours tenu compte des manières de vivre de l'époque. Si on regardait l'Eglise de son siècle, on se trouverait en face de l'Epouse du Christ, toujours belle, toujours pure. Un jour, un navire transportait Saint-Paul à Rome. Mais voilà qu'au beau milieu de la traversée, une tempête énorme s'attaque au vaisseau. Les voiles se déchirent. La charpente de l'embarcation craquait. Déjà les matelots se cachaient dans la cale pour éviter d'assister au désastre. Même le capitaine désespérait de sauver son navire. Seul Sant-Paul, sur le devant du navire, exhultait de joie. Il réunit l'équipage et leur dit : "Ne soyez pas inquiets. Après demain, je dois ê[re à Rome." Même dans les pires tempêtes, même pires que celles qui ont enfoncé les digues de la Hollande, l'Eglise pourra toujours dire; "Ne Soyez pas inquiets" Après demain, je dois être à Rome. Telle est l'Eglise.

Le dévouement envers l'Eglise. Toutes les sociétés trouvent des dévouements à leur cause. Mais ces dévouements sont passagers. L'Eglise, elle exige le don entier de soi. Ce ne sont pas les mous qui sauvent le monde. Son Eminence rappelle ensuite l'exemple de l'auteur des "Cloches de Nagasaki" qui plante sa cabane au milieu du désert atomique, qui, blessé lui-même, soigne ses frères pendant le jour et écrit des livres pendant la nuit puis meurt en disant à ses deux enfants qu'il tient par la main: "Priez, Priez, Priez." Et aussi cet autre exemple d'une jeune Anglaise qui, atteinte d'une maladie incurable des poumons, s'en va en Afrique du Sud fonder la Légion de Marie et meurt après huit ans de travail acharné. Je demandais un jour à une petite fille: "Combien de spectateurs hier soir au Forum? " - Quatorze mille, Eminence. - "Combien de joueurs? " - Douze, Eminence. - Quatorze mille assis, pour douze qui jouent. Combien d'entre vous veulent jouer avec moi le grand jeu de l'évangile? Je vous invite tous.

Un Cardinal qui ne donne pas congé n'est pas un cardinal intelligent. On a de nos jours, la psychose des vacances. Malgré tout, je vous l'accorde, parce que ceux qui ont fait quelque chose dans la vie s'y sont préparés pendant les jours de congé. Je veux que vous le consacriez à jouer parce qu'ordinairement, quand on est dans une équipe on est contre l'autre. C'est une préparation à la vie: le Bien, le Mal, pour ou contre. »

(Je m'excuse encore de n'avoir eu qu'un appareil à vue fine quand il m'aurait fallu un ciné parlant).
Article non signé
(Vie Écolière, no 519, septembre-octobre 1953, p. 3).

Doc. 1954   Un cinquantenaire

Elles étaient six. C'était la fête des Rois Mages, le 6 janvier 1904. Elles n'apportaient pas avec elles d'autre trésor que l'encens de leurs vertus, l'or de leur dévouement et la myrrhe de leur humilité, mais à part ce détail le voyage avait ressemblé un peu à celui des héros du jour. Pour ces Petites Soeurs de la Sainte-Famille arrivant de Sherbrooke, Rimouski, c'était l'inconnu. Mais elles avaient l'étoile, remplacée en l'occurence par le conducteur du train, qui avait annoncé d'un ton un peu bourru: "Rimouski, prochaine station". Le Séminaire était facile à trouver dans ce petit village qu'était la ville du temps.

Puis ce furent les premiers contacts avec l'habitation (une maison de style paysan cédée au Séminaire par un M. Bégin) et la besogne à faire. Elles venaient opérer la relève des deux demoiselles Bérubé qui jusque-là avaient à peu près réussi à supporter la tâche de nourrir une centaine de marmots qui avaient bon appétit et bonne envie de vivre. Depuis un certain temps, les deux inséparables (les élèves les appelaient Junon) parlaient de démission car le nombre des élèves augmentait tous les ans et le Séminaire était en mal d'agrandir et menaçait déjà d'éclater par le côté ouest: l'aile 1905 était en plan. C'était donc la raison de leur venue précipitée: il fallait faire vite car les deux Madeleine de Verchères menaçaient de rendre le fort. Au moins, à cette rentrée des fêtes, il y avait eu du grand nouveau pour chasser l'ennui : "As-tu vu les Soeurs?"!

Le Père Poirier, procureur du temps et leur premier aumônier, leur fit don d'un gros chien qui devait veiller à leur sécurité et dont les jappements sonores devaient servir de première clochette d'alarme.

Le reste de l'histoire peut tenir en deux lignes. En 1916, on construit un couvent spacieux (qui sera détruit en 1950). Elles entraient dans leur couvent neuf au mois de janvier 1950. La communauté rimouskoise compte aujourd'hui une trentaine de religieuses. Tout le monde sait cependant que ces quelques dates ne sont que le treillis de fond ou plutôt la trame sur laquelle on a tissé la petite vie de sacrifice et de dévouement de toutes les communautés et des personnes aussi, mais souvent c'est parce qu'ils n'ont pas voulu en avoir et qu'ils ont préféré aux frasques de la gloire, les mérites non médiocres de la vie cachée. Nous savons que ce fut celle choisie par nos petites Soeurs.

C'est pourquoi, au lieu d'une chronique détaillée de ce que fut leur séjour à Rimouski, nous voulons leur offrir le témoignage de notre reconnaisance : celle des jeunes du Séminaire et aussi des jeunes de toutes les écoles; celle de moins jeunes aussi qui sont les professeurs du Séminaire et ceux de l'école d'Agriculture, de l'école Technique et de l'école de Commerce et celle aussi de tous les anciens qui vivent sous le ciel du monde. Et cette reconnaissance va à la Révérende Mère Supérieure d'abord, parce qu'en elle nous voyons celles qui sont venues et qui sont actuellement ailleurs et aussi celles qui sont venues et qui sont disparues; à Soeur Pauline aussi parce qu'elle est la plus ancienne à Rimouski (elle vint pour la première fois en 1908) et qu'elle a réponse à tout et qu'elle fait de si curieux Jours de l'An avec les Frères de l'école de Commerce; et aussi à Soeur St-Stanislas de Kostka, parce qu'elle voit depuis 12 ans à ce que toutes les bouches aient de quoi se nourrir (depuis quelques années trois mille repas par jour) et parce que nous ne la dérangeons jamais; enfin à toute la communauté pour les sacrifices et le dévouement caché de tous les jours. Nous n'avons même pas l'espérance de pouvoir exprimer nos sentiments, pas même dans une petite fête intime car les bonnes Soeurs ont tellement peur du mensonge que les adresses sont défendues. Personne de la grande famille ne refusera de faire une communion, de réciter un chapelet ou d'offrir un sacrifice pour tresser la seule gerbe que nous pouvons offrir à nos chères petites Soeurs, pour ces cinquante ans de souffrance consenties et subies pour que soit possible le rayonnement de notre Alma Mater.

Article non signé attribué à Ernest Simard
(Vie Écolière, no 524, septembre-octobre 1954, p. 8)

Doc. 1955   Statistiques


Le séminaire et ses écoles 1955-56
(Vie Écolière, mai-juin 1956, p. 5)

1.- Pensionnaires
Sém. Tech. Mar. Com. Agr. G. Sém. Total
 
Pensionnaires 439 337 28 178 0 0 982
Prêtres 51 6 1 6 4 0 68
Autres pensionnaires 5 1 1 4 0 0 11
Soeurs 27 0 0 0 0 0 27
Servantes 52 0 0 0 0 0 52
Serviteurs 11 0 0 0 0 0 11
 
Total 585 344 30 188 4 0 1 151
 
2.- Nombre d'étudiants
 
Pensionnaires 439 337 28 179 45 68 1 096
Externes 110 95 2 65 0 0 272
Cours spéciaux 0 221 80 0 0 0 301
 
Total 549 653 110 244 45 68 1 669
 
3.- Professeurs et personnel religieux
 
Prêtres retraités et aux études 9 0 0 0 1 2 12
Prêtres professeurs 51 6 1 6 4 7 75
Frères 0 0 0 4 0 0 4
Laïcs 7 49 9 7 2 0 74
 
Total 57 55 10 17 7 9 165
 
4.- Personnel d'entretien
 
Hommes et femmes 105 22 4 6 19 13 169
 
5.- Attachés au Séminaire
 
GRAND TOTAL 721 730 124 266 71 90 2 002
 

Doc. 1959   Impressions d'un étudiant


L'adaptation à la nouvelle vie du Pavillon a été facile pour les philosophes. Comment pouvait-il en être autrement et que pouvait-on souhaiter de plus? A tous les points de vue, les philosophes sont comblés et peut-être n'espéraient-ils pas tout ce qu'ils ont reçu.

La liberté d'organiser sa vie à sa façon est un grand avantage pour le philosophe. Ce dernier a maintenant la faculté de s'imposer un règlement de vie qui lui convienne et qui soit le plus profitable à ses études. Cette initiative personnelle que chacun doit fournir rendra évidemment moins brusque la transition entre le cours classique et le cours universitaire.

D'ailleurs, la solitude d'une chambre, bien loin de causer l'ennui et la perte du temps, favorise l'étude et la concentration, et les périodes destinées à l'étude paraissent plus courtes dans une chambre silencieuse que dans une salle où chaque moment est une occasion de distraction.

On est alors en mesure de comprendre l'importance du silence dans l'étude! Et on peut à juste titre qualifier le Pavillon de sanctuaire du travail; on pourrait même ajouter sanctuaire de la discrétion et du silence, car l'un ne va pas sans l'autre. Dans ce milieu de paix et de calme s'est développé une mentalité de fraternité chaleureuse. Le petit nombre d'élèves favorise d'abord les rapports entre les classes. En effet, les liens entre eux sont plus forts que ceux qui peuvent exister dans une plus grande communauté. Et de voir les philosophes réunis un soir dans leur salon donne l'impression d'une veillée en famille.

On ne pourrait non plus omettre l'aspect religieux, le plus important de tous. La disposition de la chapelle prête à une participation plus intime aux offices et surtout à la messe. On remarque particulièrement une participation active à la messe dialoguée.

Somme toute, le sentiment qu'on leur fait confiance donne aux philosophes le sens de leurs responsabilités et les pousse librement à bien agir. Et en réponse à toutes ces faveurs qu'on leur a faites, le sentiment général des philosophes est d'une profonde reconnaissance envers tous ceux qui ont contribué à leur bien-être.

Raynald Pineault
(Vie Écolière, no 550, octobre 1959, p. 9)

Doc. 1961   Cours d'extension universitaire

A l'automne 1961, un groupe de laïcs de Rimouski et de prêtres du Séminaire mirent sur pied un organisme d'éducation aux adultes appelé Cours d'extension universitaire. Le but de ce mouvement est de présenter au public adulte de la région des cours dans les matières dites traditionnellement culturelles: lettres, histoire, arts, religion, philosophie, et dans d'autres d'ordre plus pratiques: conversation anglaise, commerce, etc. Les cours d'extension universaire ont leur siège social au Séminaire; mais ils sont administrés par une corporation indépendante formée de six prêtres et sept laïcs. (L'Annuaire du Séminaire 1964-65, p. 57-58)

862 étudiants se sont inscrits à des cours pour l'année 1961-62 se répartissant entre les disciplines suivantes : psychologie (206), philosophie (200), administration (141), littérature contemporaine (89), français pratique (63), mathématiques (40), formation religieuse (37), histoire (57) et sociologie (29).
Ces cours répondaient certainement à un besoin puisque plus de 2 500 étudiants s'y sont inscrits entre 1961 et 1965.

(Mémoire des cours d'extension universitaire de Rimouski à la Commission royale d'enquête sur l'enseignement, Rimouski, avril 1962, dactylographié, non paginé. Les données mentionnées plus haut sont tirées des tableaux statistiques contenus dans les annexes.)

Doc. 1963A   Première tranche du Rapport de la Commission royale d'enquête sur le Rapport Parent

Le Tome Il porte sur les structures pédagogiques du système scolaire. Après avoir établi des principes, il propose des structures nouvelles, en particulier la création d'un niveau intermédiaire entre le secondaire et l'universitaire, soit le niveau institut qui s'appellera le niveau collégial. Il situera le niveau universitaire au delà de la 13ième année de scolarité, recommandera de compléter le réseau universitaire existant par la création d'universités à charte limitée, dont l'une à Montréal, et de centres d'études universitaires rattachés à une université-mère, à Trois-Rivières, Chicoutimi et Rimouski. Enfin, il recommande que la formation des maîtres soit portée au niveau universitaire. Ces recommandations, dans la mesure de leur acceptation par le ministère de l'Éducation, entraînaient comme perspectives prochaines, le démembrement du réseau scolaire existant à Rimouski, la disparition certaine des écoles professionnelles comme institutions distinctes, pour réorganiser le tout dans un nouveau réseau formé de la Commission scolaire régionale, d'un institut et d'un Centre d'études universitaires, encore à l'état de projets. L'existence des institutions privées, le Séminaire entre autres, se trouvait remise en question.

Pascal Parent, Mosaïque rimouskoise. Une histoire de Rimouski.
(Le Comité des fêtes du cent cinquantième anniversaire de la paroisse Saint-Germain de Rimouski, 1979, p. 590)

Doc. 1963B   Baccalauréat ès Arts pour adultes

Le désir de parfaire leur culture et de se préparer à mieux s'acquitter de leurs fonctions ou d'accéder à des postes supérieurs, poussent de nos jours, un grand nombre de personnes déjà au travail à poursuivre leurs études, A leur intention, la Faculté des Arts de l'Université Laval a décidé, en 1961, d'instituer des cours pour adultes. A cette fin, elle donne durant l'année universitaire et durant l'été, des cours conduisant au grade de bachelier ès Arts. Ces cours se donnent maintenant dans plusieurs succursales, comme au Séminaire de Rimouski, depuis le mois de septembre 1963. Monsieur l'abbé Ludger Rioux, procureur au Séminaire, est le directeur de ces cours pour adultes.

(Annuaire du Séminaire 1964-65, p. 58)

Doc. 1964A   Cours collégial de la Faculté des Arts

1- Nature

Le cours collégial, tel qu'il se donne au Séminaire de Rimouski et dans certains collèges affiliés à la Faculté des Arts de l'Université Laval, est un cours post-secondaire d'une durée de deux ou trois ans. Ces années académiques qu'on désigne sous le nom de Collège l, Collège II et Collège III correspondent aux anciennes classes de Rhétorique, Philosophie 1 et Philosophie II. Il ne faudrait pas oublier, cependant, que le contenu et les méthodes de travail du cours collégial diffèrent beaucoup de l'ancien cours classique. On y a intégré le régime des options, la promotion par matière, le régime des crédits, l'obligation du travail personnel plus généralisé, les travaux de recherche, les séminaires. .. C'est déjà, au plan académique, le début de la vie universitaire.

A la fin de la troisième (3e) année de collège, l'Université Laval décerne le diplôme de bachelier ès arts aux étudiants qui ont satisfait aux exigences de ce grade académique; à la fin de la deuxième (2e) année, elle décerne un certificat d'études collégiales aux étudiants qui ont satisfait aux exigences de ce certificat.

2- Diplôme et certificat

Pour avoir droit au grade de bachelier ès arts, les étudiants doivent: a) avoir fait au moins trois (3) ans d'études collégiales; b) avoir suivi avec succès les cours obligatoires et le nombre de cours à option constituant le minimum requis; c) avoir fait trois (3) travaux de recherche. Pour avoir droit au Certificat d'études collégiales, les étudiants doivent: a) avoir fait au moins deux (2) ans d'études collégiales; b) avoir suivi avec succès les cours obligatoires et un nombre de cours constituant au total un minimum de quatre-vingt (80) crédits (crédits de laboratoire non compris).

(Annuaire du Séminaire 1966-67, p. 18-19)

Doc. 1964B    L'A.G.E.S.R.

L'Association Générale des Etudiants du Séminaire de Rimouski est née officiellement au cours de l'automne 1964. Groupant d'abord les étudiants du Pavillon de Philosophie, elle fut adaptée par la suite à ceux de la grande salle. Manifestation dans le monde étudiant du phénomène de socialisation qui envahit de plus en plus la société contemporaine, l'association étudiante constitue un excellent moyen pour l'apprentissage de la liberté en amenant l'étudiant à prendre et à remplir ses responsabilités. Tout en accomplissant un rôle de coordination des activités étudiantes, elle est une école d'ouverture d'esprit et de compréhension mutuelle, non seulement entre étudiants, mais aussi entre étudiants et éducateurs. Bref, elle favorise davantage une plus grande formation.

Exécutif de l'année 1964-1965 :

Président : Jean Bérubé
Vice-président interne : Yvan Labrie
Vice-président interne : Ghislain Lévesque
Vice-président erterne : Jacques Lagacé
Secrétaire : Jean-Yves Leblanc>
Trésorier : Marc-André Dionne
Conseiller juridique : Ghislain Morneau
Educateur-conseil : abbé Gilles Beauchemin

(Annuaire du Séminaire 1964-65, p. 57)

Doc. 1965A   Création de la Commission conjointe de vie étudiante

« La Commission conjointe de vie étudiante, de par sa disposition même, s'est donnée comme objectif de discuter conjointement, éducateurs et étudiants, tous les aspects de la vie étudiante et à en animer les secteurs de sa compétence. Un organisme similaire fut établit par la suite, à la grande salle. » (Annuaire 1965-66)

Les membres de la première Commission ont été :

Gilles Beauchemin, ptre, directeur du Pavillon
Gabriel Bérubé, ptre, professeur de philosophie
Gérard Beaulieu, ptre, professeur de philosophie
Carol Amiot, étudiant
Yvan Labrie, étudiant
Jean-Louis Anctil, étudiant
Michel Quimper, étudiant
Michel Ringuet, étudiant

A la grande salle, la Commission conjointe des éducateurs et moniteurs comprend :

Rosaire Dionne, directeur
Paul Desjardins, représentant des professeurs
Roger Bérubé, représentant des responsables de salles
Donald Demers, président
Jean-Marie Deschênes, secrétaire
Gilles Rousseau, représentant de Coll. I
Denis Jean, représentant de sec. V
Yvan Thériault, représentant de sec. IV

Doc. 1965B   Association de parents d'étudiants du Séminaire de Rimouski

Au cours du mois de février 1965 eut lieu la fondation d'une association de parents d'étudiants du Séminaire de Rimouski. Un comité provisoire avait été formé au préalable en janvier, pour préparer l'assemblée générale de février. Furent élus: présidents, monsieur le docteur et madame Marc Blanchet; vice-présidents, monsieur et madame Léopold Francoeur; secrétaires, monsieur et madame Clément Alary.

Il manquait cet élément à 1a tierce parfaite. Fini, pour les éducateurs, le régime du doigt entre l'écorce et l'arbre. Les étudiants avaient déjà leur organisation. Jusqu'à maintenant les éducateurs devaient prendre sur eux de défendre les droits des parents. Ces derniers seront maintenant présents dans le dialogue et le fait que chaque organisation locale a cru bon de s'affilier à une fédération qui groupe les quatre-vingt-seize collèges classiques de la Province augmentera sensiblement l'importance de l'impression de l'enseignement libre dans le complexe général. Monsieur l'abbé Armand Lamontagne a été nommé, par les autorités du Séminaire, agent de liaison entre cette institution et l'Association des parents.

(Annuaire du Séminaire 1964-65, p. 56-57)

Doc. 1965C   Comité provisoire du Centre d'études universitaires de Rimouski

Sa formation eut lieu le 11 mars 1965. Ce comité voulait être représentif de la région et des institutions appelées à contribuer à la fondation d'un Centre d'études universitaires. Présidé par monsieur Maurice Tessier, maire, il groupait en plus des représentants des villes de Rimouski, Mont-Joli, Trois-Pistoles, Matane, Ste-Anne des Monts et même Gaspé, ceux du grand Séminaire, du Séminaire, de l'École normale Tanguay, des Soeurs du St-Rosaire, des Ursulines et des Cours d'extension universitaire. Ce comité siègera régulièrement jusqu'en mai 1969 et il sera le véritable promoteur de la fondation du Centre. La Ville de Rimouski contribuera d'un montant de $5,000 pour couvrir les frais.

Pascal Parent
(Mosaïque rimouskoise, p. 591)

Doc. 1965D   Nouvelle composition et nouveaux mandats

Après un an, le Comité provisoire reprend ses activités. L'ouverture des Cégeps et une année sabbatique du promoteur Pascal Parent peuvent expliquer cette inactivité. On est au début de l'année 1967. Toujours anxieux d'intéresser toutes les régions de l'Est du Québec, le Comité provisoire s'élargit. Pour le Bas-Saint-Laurent, le Comité accueille le docteur Georges E. Guérette d'Amqui, Charles Pelletier de Trois-Pistoles, Georges-Alexandre Lebel de Matane et le docteur Jacques Dubé de Notre-Dame-du-Lac. Pour le secteur de la Gaspésie, ce sont Jacques Gagnon et Rock Roy de Gaspé, le docteur Gérard Dugas de Maria, Gilbert et Olivier Sasseville de Sainte-Anne-des-Monts et Alexandre Balagho de Murdochville qui représentent leur région.
De nouvelles structures sont établies, les mandats se précisent: on crée une Commission pédagogique, composée d'un représentant du Grand Séminaire, de deux représentants des écoles normales, d'un représentant du niveau collégial, d'un représentant des cours d'extension universitaire et d'un universitaire intéressé à l'éducation. Le président de cette commission sera obligatoirement un membre du Comité provisoire. Sont suggérés pour travailler à cette commission: Roland Dorval, Jean Drapeau, Jean-Guy Nadeau, Jean-Louis Plante, Benoît Sylvain et Nive Voisine.
Le mandat de la Commission est large, elle doit:

dresser l'inventaire des besoins universitaires pour la grande région;
dresser l'inventaire du corps professoral pouvant enseigner au niveau universitaire;
organiser un programme de première année universitaire en lettres, en sciences religieuses et en éducation;
organiser de façon urgente un programme de formation des maîtres pour l'été 1967;
amorcer les contacts nécessaires pour l'accréditation des cours;
nourrir le Comité de tout sujet pertinent et effectuer les consultations nécessaires auprès des spécialistes;
faire rapport au Comité deux mois après la première réunion de la commission.

[…]
En juin, Me Tessier porte la requête en incorporation à Québec, mais il doit se plier aux caprices et aux horaires des hauts-fonctionnaires et attendre le 6 septembre pour être reçu.Trois mois de perdus dans les dédales du gouvernement et pourtant, maître Tessier est un homme d'expérience; mais depuis 1966, il est maintenant dans l'opposition. Finalement, le sous-ministre Yves Martin annonce qu'à la prochaine session, une loi-cadre sera présentée pour la création des centres d'études universitaire et que les villes de Chicoutimi et de Rimouski viennent en priorité. Il conseille donc de retarder la demande en incorporation et de s'affairer à la préparation d'un mémoire présentant le projet d'un centre d'études universitaires pour le soumettre avant janvier 1968.
Comme on entre dans une phase accélérée, le Comité provisoire se dote d'un secrétariat permanent avec Pascal Parent à titre de responsable, le Cégep le dispensant d'un cours pour remplir sa nouvelle fonction. Jusque-Ià, tous les membres avaient travaillé bénévolement. Pascal Parent est alors chargé de rédiger le mémoire de planification requis par le ministère de l'Éducation. Le 21 décembre 1967, le Mémoire de planification du Centre d'études universitaires de Rimouski est présenté au sous-ministre de l'Éducation, Yves Martin.

Nicole Thivierge
(Savoir et développement : Pour une histoire de l'UQAR, Rimouski, Grideq, UQAR, 1995, p. 12-14)

Doc. 1966A   Départ d'un grand humaniste

« Si tous les anciens de notre Alma Mater ont un droit à ia sympathie de l'Amicale, il en est toutefois dont les qualités supérieures et le rôle remarquable dans la vie du sêminaire leur ont acquis une estime particulière. Mgr Georges Dionne est de ce nombre; et les années de silence - et de souffrance - qui ont précédé sa mort n'ont nullement estompé, chez ceux qui l'avaient connu comme professeur, directeur spirituel, préfet des études ou supérieur, l'image du prêtre aux vertus exemplaires, du pédagogue à la teste bien faicte, du chef à la fois juste et ferme.

Au moment où la formation traditionnelle gréco-latine et les valeurs chrétiennes sont remises en question, on peut saluer en feu Mgr Dionne un des beaux exemples de l'efficacité pédagogique de ces deux héritages bien assimilés et harmonisés. »

Nous nous devions d'inscrire dans notre annuaire cet hommage des Anciens.
(Bulletin de l'Amicale des Anciens, Séminaire de Rimouski, mars 1966)

Doc. 1966B   Départ des Sœurs de la Sainte-Famille

Allocution prononcée par le chanoine Robert Lebel au cours d'une réception offerte aux religieuses de la Sainte Famille à l'occasion de leur départ, le 28 juin 1966

« Mes chères Soeurs,

Votre désir d'entourer votre départ de la discrétion qui caractérise toute la vie des Soeurs de la Sainte-Famille et la vie trépidante de la maison en cette période de fin d'année et de réorganisation risquait de faire passer inaperçu un événement important de l'histoire du Séminaire.

Vous nous quittez cette année après soixante-deux ans d'une présence dont nous ne pourrons jamais calculer la portée et les bienfaits. Il est bien naturel que nous puissions souligner votre départ par cette simple rencontre, ce geste d'amitié chrétienne, afin de pouvoir vous dire bonjour, au revoir peut-être, nous l'espérons et, en tout cas, merci; afin de pouvoir rendre grâces au Seigneur ensemble pour le bien qu'il nous a fait par votre intermédiaire.
Pour la satisfaction des prêtres qui sont ici présents, quelques-uns m'ont manifesté leurs regrets de devoir être absents, il me plaît de souligner les états de service des Soeurs de la Sainte-Famille à l'égard du Séminaire. Cette communauté est au service du Séminaire de Rimouski depuis janvier 1904. Il va sans dire que les soeurs ont partagé alors la pauvreté du Séminaire, travaillant moyennant une rétribution de cinq dollars par mois en plus du logement et de la pension qui ne pouvaient (sic) offrir mieux que le comfort du temps dans une résidence qui était située en arrière de l'aile d'Amours. Il y avait à cette date 15 religieuses pour 184 élèves, dont 102 pensionnaires.

Depuis ce temps les religieuses ont eu la charge de la cuisine, des réfectoires, de la buanderie et de la réparation des vêtements. Au réfectoire, les effectifs de l'Ecole technique et de l'Ecole de Commerce sont venus s'ajouter à nos pensionnaires: la plus nombreuse tablée a compté 900 clients, avant qu'on ne doive diminuer les pensionnaires des Ecoles; cette année, il s'est servi 875 repas trois fois par jour. Au début d'une année scolaire où la buanderie faisait le blanchissage de tous les pensionnaires, pendant la première semaine qui suivit la rentrée des classes, 2000 chemises ont été lavées, repassées et livrées avec tout le reste de la lingerie.

Il serait injuste de ne mentionner que la quantité de travail accompli par les religieuses: elles ont assuré la permanence de l'emploi dans les différents secteurs de nos services auxiliaires et ont été un élément de stabilité dans le personnel. Au tableau d'honneur, sur ce point, nous devons avoir une mention spéciale pour Soeur Saint-Stanislas qui a assuré la direction de la cuisine depuis le mois d'août 1942 : il ne manque qu'un an pour faire le quart de siècle. Mais 24 ans à la direction de cette entreprise monumentale, c'est un record, surtout si l'on sait avec quel dévouement et quelle maîtrise Soeur Saint-Stanislas s'est acquittée de ces difficiles fonctions. Qu'elle en soit félicitée et remerciée, par tous les bénéficiaires habituels de son dévouement et par tous les convives de nos banquets.

Tous les prêtres qui ont vécu quelques années au Séminaire se souviennent avec émotion de l'ancienne réfectorière, Soeur Sainte-Pauline, qui a été au Séminaire de 1905 à 1961, et qui a mis sous nos yeux, pendant ces nombreuses années, l'image de la sainteté revêtue de simplicité, d'humour et de joie.

Le travail n'est pas tout ce que les soeurs de Ia Sainte Famille ont apporté au Séminaire: le soutien spirituel qu'elles ont fourni à l'oeuvre du Séminaire, au ministère des prêtres éducateurs, est une réalité difficile à mesurer, mais, sans ôter au reste sa valeur, nous voyons là l'élément le plus important de leur contribution. Nous le mentionnons avec d'autant plus d'insistance que nous le faisons d'une façon intéressée: si nous ne pouvons plus bénéficier de votre présence, nous comptons profiter toujours de vos prières et de votre appui spirituel dans l'oeuvre qui devient de plus en plus difficile de l'éducation des jeunes et de la pastorale des vocations. Soyez assurées en retour que notre reconnaissance s'efforcera d'avoir bonne mémoire pour vous devant le Seigneur.

Nous tenons à remercier vos Mères d'avoir consenti à nous laisser quelques religieuses pendant quelques semaines encore pour assurer la continuité des services pendant l'initiation des nouveaux cadres.

Et de nouveau nous prenons note de leur acceptation de nous envoyer des religieuses pour le cas où, un jour, notre oeuvre ou une partie de notre oeuvre doive prendre des proportions ou une orientation plus conforme à vos possibilités et à votre vocation.

Nous avons voulu joindre à nos paroles de remerciements un petit souvenir personnel pour chacune des religieuses. C'est peu de chose, un simple symbole, que nous voulons peu encombrant dans vos bagages, mais c'est de tout coeur que nous vous le présentons. »

Doc. 1966C   Comité politique de la grande salle

Composition :
Président : Hubert Besnier
Vice-président : Richard Amiot
Secrétaire : Donald Chouinard
Trésorier : Maurice Smith
Affaires ext. : Georges Lévesque
  Marcel Paquin
Publicistes : Gaétan Saint-Pierre
  Marc Laforest

(Annuaire du Séminaire 1965-66 , p. 77)

Doc. 1966D   Un cours collégial nouveau au Séminaire de Rimouski :
                       un cours à options - une préparation immédiate à l'université

C'est un cours qui sera probablement de trois ans et qui pourrait se prolonger jusqu'à cinq ans atteignant par conséquent le niveau universitaire. La caractéristique du cours collégial nouveau, c'est qu'il est un cours à options, à options qu'on appelle concentriques.

C'est un début de spécialisation mais très minime puisqu'il y a encore des cours obligatoires qui assurent ce qu'on a appelé très longtemps la culture générale: cours de sciences religieuses, cours de français et cours de philosophie. Les options viennent compléter cette espèce de séquence obligatoire.

C'est un cours très nouveau dans le système français; il est mis pour la première fois en application cette année. Il a l'avantage, avec peut-être certains remaniements, d'être utilisé au niveau de ce qu'on appelle jusqu'à maintenant l'institut ou les études pré-universitaires.

Et justement, le terme pré-universitaire détermine une certaine méthode de travail. Désormais l'accent est mis sur le travail personnel de l'étudiant. On décharge son horaire; on l'oblige à ne prendre que sept cours, c'est-à-dire vingt périodes de classe par semaine pour qu'il puisse davantage travailler d'une façon personnelle à la bibliothèque, dans les séminaires, les rencontres, dans un travail de recherche obligatoire chaque année.

C'est vraiment l'étudiant qui va construire son cours par le choix des options et le faire par son travail personnel. Et justement ce travail personnel va permettre à ceux qui le veulent vraiment de faire des études sérieuses et oblige les directeurs d'étudiants à renouveler leur règlement disciplinaire.

On doit autant que possible individualiser l'enseignement et on doit le moins possible être le maître qui débite un cours. D'où évidemment le conseil d'avoir toujours des méthodes dynamiques, d'employer la formule du séminaire, de la discussion de groupe, la formule également du tuteur qui oblige l'étudiant à rencontrer un professeur pour discuter de son problème académique et, si besoin est, de ses problèmes humains. Et l'éducation ne se conçoit plus comme un travail d'unités isolées. L'éducation est un travail d'équipe; le directeur des études et son conseil des études puis le directeur des études et le directeur des étudiants travaillant journellemnt ensemble; il n'y a pas d'éducation qui peut se faire dans ce système nouveau sans ce travail d'équipe, un travail d'équipe qui englobe tout le corps professoral et cela au service des étudiants. Quelqu'un qui s'isole de l'équipe fait fausse route et, je dirais, nuit à l'éducation des étudiants concernés.

Est-il possible que 1e collégial nouveau devienne un cours terminal?

Disons que, dans la conception du collégial inauguré cette année, les étudiants peuvent quitter après deux ans avec un certificat d'études collégiales, après trois ans avec un baccalauréat ès arts.

Normalement, ce cours collégial est surtout une transition vers l'Université. La plupart de nos élèves vont se diriger vers l'Université, ou du moins le désirent. C'est la situation actuelle en tout cas. Dans dix ans, la formule sera peut-être changée. Les nouveaux programmes de l'institut pourront peut-être davantage ouvrir des portes sur le travail.

Mais on peut tout de même dire qu'un certain pourcentage vont terminer avec les études collégiales et ils pourront, à ce moment-là, constituer ce qu'on peut appeler les cadres supérieurs, même dans les compagnies. Dans le fonctionnarisme aussi, on a besoin de gens qui ne sont pas forcément spécialisés mais qui ont tout de même une culture générale.

J'ajouterais que, même après la première année du collégial, avec une attestation d'études, il y a possibilité d'emploi dans ces secteurs du monde du travail. On nous assure qu'il y a déjà beaucoup de demandes. Il faudrait clarifier la chose et faire peut-être plus de publicité dans ce sens.

Nive Voisine, ptre
(Le Centre Saint-Germain, nos 9-10, septembre-octobre 1966, pp. 183-185).

Doc. 1967A   Dernière parution de la Vie Écolière

De nouveaux élus

C.A. - Au sortir d'une session d'étude annuelle tenue les 25 et 26 février dernier, l'Equipe de Vie Ecolière s'est nommé une nouvelle direction, pour l'année 67-68. L'administration élue se répartit comme suit: Claude Aupin, directeur; Berthier Dolbec, rédacteur en chef; Gaétan Lepage, chef des nouvelles. L'administrateur, Jacques Paradis, les maquettistes, Yvon Rousseau et Benoît Lepage et le secrétaire Gérald Ouellet restent en fonction. L'équipe de Vie Ecolière est donc prête à s'attaquer à une autre année de dur travail comme médium d'information. Mais il n'en reste pas moins qu'elle le fait avec plaisir pour la cause du journalisme étudiant.

Un nouveau nom pour mon journal

Les équipes qui se sont succédées à la direction de Vie EcoIière depuis quelques années ont songé à changer le nom du journal. La principale raison alléguée était que le nom Vie Ecolière ne réflète pas l'esprit du journal. Ce nom était sans doute à la mode il y a cinquante ans, alors que dans plusieurs collèges, les étudiants publiaient leur revue trimestrielle, mais depuis quelques années, Vie Ecolière est devenu un journal étudiant, c'est pourquoi il s'avère urgent qu'on lui donne une devise et un nom plus approprié. Aussi, nous lançons un concours, de façon à connaître l'opinion de nos lecteurs sur le choix d'une devise et d'un nom à donner au journal. Faites parvenir vos suggestions au local 81, au rez-dechaussée du Pavillon de Philosophie. Nous accorderons un prix de $2.00 pour la meilleure suggestion que nous recevrons. Toutefois, nous ne nous engageons pas à adopter nécessairement cette proposition si elle ne nous satisfait pas.
Berthier DOLBEC.

Journal: centrale d'idées (éditorial)

Depuis le début de l'année une équipe de vingt personnes (garçons et filles) intéressées au journalisme s'affairait à mettre sur pieds un nouveau journal au Collège. Ce dernier remplacerait en quelque sorte l'ancien Vie écolière qui a fait sa marque pour la cause du journalisme étudiant dans la région. Il a fallu beaucoup de travail pour résoudre les deux ques tions primordiales d'un journal naissant : le nom et la politique du journal.
Notre choix s'est arrêté sur Le Scribe pour deux raisons. D'abord, scribe désigne celui qui, dans l'antiquité, écrivait les textes et, par extension, celui qui critiquait la loi. Par extension toujours, Le Scribe désigne aussi le journal qui sera un critique d'actualité et un agent moteur dans Ie milieu.
Etant donné que c'est 1a première livraison de notre journal, il est de mise que nous soumettions à notre public-lecteur la politique qu'entend suivre l'Equipe tout au long de ses parutions.
En feuilletant nos quatre pages, vous y découvrirez un exposé sommaire de 1'allure qu'elles prendront tout au cours de l'année. Nous entendons vous informer sur l'actualité, cela va de soi, mais aussi vous faire réfléchir sur les événements par nos prises de position et vous renseigner dans les domaines aussi vastes que la politique (étudiante et québécoise), les arts et le sport.
II va s'en (sic) dire que dans toute institution valable, le besoin d'un journal est indiscutable. Celui-ci est justifié par une certaine congestion du milieu étudiant qui se fait trop souvent sentir. C'est ici que le rôle du journal prend vraiment toute son importance. Nous voulons qu'il soit une centrale d'idées pour amener les étudiants à prendre conscience de la vie qui se passe tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de leur entourage premier.
Pour arriver à cette fin, Le Scribe n'entend pas être que le reflet servile des étudiants du Collège de Rimouski mais un organisme agissant sur ce milieu pour le faire sortir de sa léthargie trop souvent constatée et lui faire prendre une part active à l'élaboration de la société.
Pour ceci, le journal ne doit subir de pression d'aucun groupe particulier et il entend posséder une totale indépendance en ce qui regarde ses prises de position et la teneur de ses pages. Il va s'en dire (resic) que nos pages sont quand même ouvertes à toutes opinions ou suggestions des lecteurs et que le journal n'est que le seul arbitre en ce qui concerne le choix de ses articles.

Claude Aupin.
(Le Scribe, vol. 1, no 1, 30 octobre 1967, p. 2).

Doc. 1967B   La Croix de Saint-Germain du mérite diocésain

Origines

Instituée en 1937 par son E. Mgr Georges Courchesne, la Croix de Saint-Germain du Mérite diocésain a été établie « en faveur des laïques de notre diocèse qui auront bien mérité de leurs concitoyens et de l'Église catholique » (Mandement du 17 juillet 1937). En 1973, Mgr Louis Levesque a étendu l'attribution de cette décoration aux religieux du diocèse et Mgr Gilles Ouellet a fait de même pour les membres du clergé diocésain en 1979.

Objectif

La Croix de Saint-Germain du Mérite diocésain vise à reconnaître les mérites des personnes qui s'illustrent « par leur vertu personnelle intacte, par leur charité envers le prochain, par leur dévouement aux oeuvres sociales de bien commun, ou tout simplement, par leurs états de service sans défaillance et sans recherche personnelle dans les oeuvres de l'action catholique, c'est-à-dire, de l'apostolat des laïques participant à l'apostolat rédempteur du sacerdoce de Jésus-Christ. » (Ibidem)

(http://www.dioceserimouski.com )

Doc. 1967C   Le pensionnat et les locaux du cours secondaire

Le pensionnat

Les changements de structures apportés en juin 1967 ont modifié la formule du pensionnat. Le pensionnat s'est dissocié de la vie scolaire du Séminaire de telle sorte que pendant le jour pensionnaires et externes étaient considérés comme des étudiants au même titre.

La direction du pensionnat fut confiée à M. l'abbé Claude Lebel qui en était à sa neuvième année au service du Séminaire. Il fut aidé dans son travail par M. l'abbé Jean-Louis Smith, M. l'abbé Dominique Plante, M. Roger Gagné et quelques étudiants. Ces personnes prenaient charge des pensionnaires à partir de la fin de l'après-midi jusqu'au lendemain matin et durant les fins de semaine. Quelque cent vingt-cinq élèves se sont inscrits comme pensionnaires au début de l'année.

Avec la fin de l'année scolaire 1967-68, le pensionnat disparaît. Les dortoirs seront convertis en classes ou en laboratoires et les autres locaux occupés par le pensionnat seront loués à la Commission Scolaire régionale du Bas Saint-Laurent pour des fins scolaires.

(Annuaire 1967-68, p. 33)

Les locaux

En septembre 1967, le cours secondaire du Séminaire s'est transporté dans l'aile est du Séminaire communément appelée Petite Salle. L'aile ouest (Grande Salle) fut louée par le Collège d'enseignement général et professionnel à l'exception de deux laboratoires (locaux 361 et 362). Etant donné que le Séminaire ne donnait plus l'enseignement au niveau du secondaire 1, le nombre des étudiants baissa à 399, dont 125 pensionnaires et 274 externes. Treize groupes furent formés: quatre en secondaire V, trois en secondaires IV, III et Il.

Le cours secondaire se trouva un peu plus à l'étroit: le parloir servit d'étude pour un groupe d'élèves de secondaire V et on ne put trouver que onze locaux de classes pour treize groupes, ce qui amena la rotation des locaux; un local fut attribué à chaque matière: le séminaire a donc connu cette année le local-matière.

(Annuaire 1967-68, p. 46)

Doc. 1967D   Le séminaire, école de la Commission scolaire régionale

Conditions d'admission au cours secondaire du Séminaire de Rimouski (Année scolaire 1968-69) :

1. Le Séminaire de Rimouski (cours secondaire) est une école de la Commission Scolaire Régionale du Bas St-Laurent.

2. Le Séminaire de Rimouski (cours secondaire) ne reçoit pas de pensionnaires. Les étudiants qui le désirent pourront demander l'aide du Séminaire pour être logés en ville dans des familles.

3. Le Séminaire de Rimouski (cours secondaire) accepte des garçons et des filles.

4. Le Séminaire de Rimouski (cours secondaire) offre aux étudiants le secondaire V classique, le secondaire IV classique et le secondaire III décloisonné. Pour y être admis, l'étudiant doit avoir réussi le secondaire IV classique, le secondaire III classique, la 9ème année générale, scientifique ou classique.

5. Les étudiants bénéficient de la gratuité scolaire.

6. Les étudiants qui ne demeurent pas dans le territoire de la Commission Scolaire Régionale du Bas St-Laurent doivent s'inscrire auprès de leur propre Commission Scolaire Régionale afin que celle-ci s'engage à payer les frais de scolarité. Le Séminaire ne peut inscrire un candidat sans avoir obtenu cette garantie.

(Le Comité des admissions au secondaire du séminaire de Rimouski, 11 avril 1968)

Doc. 1968   Dernier numéro

« Ce numéro 82 clôt la série de nos Annuaires du séminaire de Rimouski. C'est une page d'histoire centenaire qui se tourne; c'est une institution scolaire qui tire sa révérence pour nous laisser continuer autrement sur la route de l'avenir et du progrès. Tout cela ne se fait pas sans regret: ce n'est pas facile de s'habituer à ne plus voir ce qui nous semblait tout naturel et nanti d'une existence indéfectible. Mais notre attachement légitime au Séminaire que nous avons connu ne doit pas nous empêcher de voir la réalité bien en face et de prendre les responsabilités que la situation scolaire actuelle nous impose. Le Séminaire, institution d'Église, avait depuis plus de cent ans assumé des responsabilités d'enseignement que la société ne pouvait pas se donner autrement; il le faisait donc en suppléance, mais c'était là aussi une façon de poursuivre des fins proprement ecclésiales d'éducation chrétienne et de préparer des candidats au sacerdoce et à la vie religieuse. Désormais, la fonction d'enseignement est prise en charge par le pouvoir civil; la scolarisation généralisée et les méthodes d'enseignement adaptées aux besoins modernes en font une entreprise dont l'envergure et les frais dépassent les responsabilités et les moyens de la plupart des institutions privées. La Corporation du Séminaire, propriété diocésaine, ne quitte pas pour autant le champ de l'éducation. Mais elle consacrera ses ressources plus directement et plus spécifiquement à la pastorale de l'éducation et à la pastorale des vocations. En adoptant cette politique, notre Séminaire et notre Diocèse se conforment à la fois aux impératifs de la réforme scolaire du Québec et aux voeux du Concile Vatican II appelant une Église moins puissante et plus souple dans son service pastoral. »

(Annuaire 1967-68, p. 9)

Doc. 1969   Une résidence pour prêtres retraités

Une réfection du bâtiment s'impose : réparation d'un mur extérieur, remplacement des fenêtres, planchers, plafonds, achat et installation d'un ascenseur, isolation et système de chauffage.

L'édifice comprendra 22 appartements (bureau-salon, chambre à coucher et salle de bain), des bureaux pour l'administration, une salle commune, deux cafétérias, une cuisine et ses services. La chapelle actuelle sera maintenue.

Ces appartements seront offerts en priorité aux résidents actuels du collège qui devront libérer leur chambre en 1969 et 1970 et qui désireront y réserver une place. Progressivement, au fur et à mesure de l'évolution des besoins et des disponibilités, tout membre du clergé diocésain qui le souhaite, pourra y être accueilli.