Doc. 1862 L'état des lieux La bâtisse qu'est l'ancienne église transformée en école est âgée maintenant de 47 ans. Elle présente "des murs lézardés aux pierres maintenues par un mortier qui se désagrège. Les planchers ne sont pas achevés, non plus que les étages supérieurs du bâtiment, et les élèves doivent sacrifier leurs journées de congé à leur construction. Et même une fois les rénovations terminées, le froid est intense à l'intérieur de la bâtisse et quasi insupportable".Normand Plourde (« Le collège-séminaire de Rimouski », La Revue d'histoire du Bas Saint-Laurent, vol. 1, no 2, juin 1974, p. 6s) Doc. 1863A Le véritable fondateur du collège-séminaire de Rimouski : Cyprien Tanguay ou Georges Potvin ? « Le curé Cyprien Tanguay a assumé l'organisation et la direction du collège industriel et commercial pendant cinq ans, avec la collaboration de la population rimouskoise. C'était un imaginatif, un créateur, un idéaliste, qui ne s'est pas impliqué autant que ne le feront ses successeurs. Aussi peut-on constater que son œuvre ne connut pas immédiatement toute la vitalité espérée. Le curé eut-il cette vision prophétique qui lui aurait fait entrevoir les développements ultérieurs que Rimouski connaîtra au XXe siècle? En mettant sur pied un collège industriel, érigeait-il consciemment une façade pour introduire avec habileté un collège classique en son temps ? Ses admirateurs le soutiennent avec force. »Noël Bélanger (« Les origines du collège-séminaire de Rimouski », La Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent, vol. V, juin 1978, no 2, p. 9) Doc. 1863B « À la demande de M. Épiphane Lapointe, M. Georges Potvin se chargea, avec la permission de Mgr Baillargeon, de la direction du collège. Avec un zèle et une activité à toute épreuve, il travailla à l'organisation de cette maison; il rédigea le règlement des maîtres et des écoliers, recueillit des souscriptions et acheta des livres, et sut faire de cette institution ce qu'elle est aujourd'hui. C'est pourquoi il en est considéré comme le fondateur et le père. Il consacra pour cette maison d'éducation son temps, ses veilles, et toutes ses propres ressources. » R.-Ph. Sylvain, chanoine, aumônier des Sœurs du Saint-Rosaire (Le Collège industriel de Rimouski, Rimouski, Imprimerie Générale, F.-X. Létourneau, 1903, p. 12) Doc. 1863C « Tout bien considéré, et en réservant la part du lion à l'abbé Potvin [ … ], il faut reconnaître que les « acteurs de la pièce » sont fort nombreux. Aussi bien, pendant les vingt premières années, personne ne semble songer à désigner « un » fondateur. La question se posera plus tard; et elle suscitera une controverse assez vive, qui ne s'est calmée qu'au début de ce siècle. Pour leur part, les directeurs actuels du Séminaire ne cherchent pas à distinguer un fondateur unique. Ils préfèrent partager équitablement les honneurs et les mérites entre les multiples responsables qui ont contribué, la plupart avec le parfait désintéressement de l'anonymat, à l'édification de l'œuvre. Armand Lamontagne (Le « Livre de Raison » du Séminaire de Rimouski, 1, 11) Doc. 1867A Mgr Jean Langevin pédagogue Il naît à Québec, le 22 septembre 1821, dans un milieu favorable à la vie de l'esprit. Entré au séminaire de Québec à l'âge de 10 ans, il y fait de brillantes études au terme desquelles il prend la soutane au grand séminaire, le 2 octobre 1838. Le même jour, alors qu'il n'a que 17 ans, on le nomme professeur de mathématiques au petit séminaire, une fonction qu'il continue de remplir après son ordination sacerdotale, le 12 septembre 1844. Il passe cinq ans dans ce milieu éminemment stimulant sur le plan intellectuel, entouré de personnages appelés à jouer des rôles majeurs dans l'histoire de l'Église canadienne.En avril 1858, on lui confie la charge de principal de l'école normale Laval à Québec. Il dresse alors un programme des matières de base à enseigner dans les écoles élémentaires et modèles, ainsi qu'un tableau de la distribution du temps. Des classes pratiques alternent avec des classes dites didactiques, un mélange de théorie et de pratique qui est appelé méthode Langevin, du nom de son promoteur. Il conçoit aussi des outils d'enseignement, dont le Traité élémentaire de calcul différentiel et de calcul intégral (Québec,1848), qui fut le premier manuel de calcul différentiel et intégral publié dans l'Amérique francophone. Son Cours de pédagogie ou Principes d'éducation, paru à Rimouski en 1869, le fait connaître comme pédagogue et théoricien de l'éducation. Comme évêque du nouveau diocèse de Rimouski, il entreprend d'y réaliser ses plans d'apostolat, dans lesquels l'éducation tient une place primordiale. Au centre de sa préoccupation, il place le collège de Saint-Germain de Rimouski dont il faut assurer la survie. Ainsi, il l'érige en séminaire diocésain le 4 novembre 1870. Il en est le supérieur de 1876 à 1882, et de 1883 à 1885. Sa présence dans l'institution se manifeste à tous les niveaux : administration, enseignement, activités culturelles et artistiques, etc. Les « Notes », ou plus exactement le journal de l'abbé Elzéar Couture, qui fut préfet des études de 1862 à 1879, nous fournissent de précieuses informations sur l'importance du séminaire diocésain aux yeux de l'évêque et sur le rôle éminemment actif qu'il y a joué. Nous retenons en particulier celui où il s'impose la tâche de présider aux examens oraux de tous les étudiants de l'institution. Chaque semestre, accompagné du préfet des études, il visite chacune des classes et entreprend les séances d'examen, lesquelles peuvent s'étendre sur une semaine entière. Étudiants comme professeurs - ces derniers étant tenus d'assister aux séances - sont alors soumis à l'évaluation rigoureuse de l'examinateur qui, sur le champ, rend alors un verdict impitoyable, qui ne laissait rien passer : bon, médiocre, mauvais. On comprend alors le sens de certaines remarques que le préfet note dans son journal : « Mgr commence à faire la visite des classes de Première. Il n'est pas content des professeurs » (7 déc. 1879); « Mgr examine les philosophes sur la logique. Le verdict tombe : M. De Champlain : assez bon ; M. Chamberland : très bien; M. Dionne : médiocre » (11 jan. 1876). En une autre circonstance, le préfet écrit : « En résumé, les professeurs ont été humiliés devant leurs élèves »... Faut-il s'étonner de la rigueur du comportement de celui qu'on considère pourtant comme un pédagogue averti? La personnalité intime de l'homme y est certes pour beaucoup. En tout cas, on ne peut mettre en doute la vigueur de sa conviction personnelle par rapport au rôle important qu'est appelé à jouer tout éducateur et qu'il condensait dans cette formule : « L'éducateur tient en main la destinée du peuple. » Noël Bélanger Doc. 1867B Lettre pastorale de Mgr Jean Langevin en faveur du collège-séminaire « Notre vénérable archevêque [Mgr Turgeon], ainsi que son digne Coadjuteur, [Mgr Baillargeon], dans la prévision de l'établissement d'un évêché à St-Germain de Rimouski, y a favorisé de toutes manières la fondation d'un Collège. Dès le 7 février 1854, à la demande monsieur le curé Tanguay, Monseigneur Turgeon émettait d'employer à cette fin l'ancienne église, aussitôt que la nouvelle serait construite; puis le 6 août 1862, la fabrique de St-Germain était autorisée, sur la réquisition de monsieur le curé Lapointe, à donner effet à cette résolution. Par le zèle et les soins de ce regretté curé, et de messieurs Lahaye et Potvin, cette maison s'est donc fondée et affermie, en dépit de l'opposition de plusieurs et de l'indifférence d'un plus grand nombre, mais en revanche avec l'aide généreuse d'amis dévoués, tant dans le clergé que parmi les laïcs. Depuis un an particulièrement, Monseigneur l'Évêque de Tloa [Mgr Baillargeon] a appelé quatre prêtres et quatre ecclésiastiques à s'y partager l'enseignement. Sous leur direction, les études s'y complètent de plus en plus, et aujourd'hui le Collège renferme à peu près toutes les classes. On compte en ce moment dans l'institution 22 élèves au cours classique, 53 au cours commercial, industriel et agricole, et 47 dans l'école préparatoire. Mais vous le comprenez facilement : ce ne sont là que de faibles commencements; ce n'est qu'au moyen de privations réelles, d'une gêne incroyable que le procureur a pu jusqu'à présent soutenir l'établissement : encore est-il endetté. Les pensions sont extrêmement modiques, elles se payent en grande partie en effets, et assez mal; la maison n'est point terminée, elle est bien froide, et elle est déjà trop étroite pour les besoins. Que sera-ce quand le nombre des élèves aura doublé, qu'un Grand Séminaire y aura été ajouté, qu'il faudra trouver un local pour une bibliothèque, un cabinet de physique, des musées, etc.?Au nom donc du Seigneur, au nom de son Église, au nom de l'avenir du diocèse, nous venons faire un appel à vos cœurs si catholiques et charitables. […] Vous tous à qui le Ciel a accordé les dons de la fortune, empressez-vous de contribuer à cette oeuvre si excellente, soit en aidant à quelque jeune homme à payer sa pension, soit en lui fournissant des livres, soit même en fondant une bourse ou une partie de bourse, ou en faisant un legs en faveur de cette oeuvre. Une quête à cette fin pourrait se faire dans l'église chaque année au mois de juillet. » (Lettre pastorale en faveur du Collège de Rimouski, le 13 juin 1867, p. 23-26, dans Mandements, lettres pastorales et circulaires de Mgr Jean P.F.L. Langevin, premier évêque de St-Germain de Rimouski, vol. 1) Doc. 1868 Lettre pastorale de Mgr Jean Langevin concernant l'érection d'un séminaire et d'un évêché, le 27 décembre 1868 « Élever une maison où, d'un côté, les jeunes gens puissent dans l'étude et le silence se préparer soit à l'état ecclésiastique, soit aux diverses professions libérales, aussi bien qu'à l'agriculture, au commerce et à l'industrie; et où, de l'autre, les élèves du sanctuaire puissent dans le recueillement et les exercices de la vie spirituelle se disposer au sacerdoce : voilà incontestablement le premier besoin d'un diocèse naissant.Le second est évidemment de fournir un logement convenable à l'évêque et aux prêtres qui doivent l'aider dans son administration. Après avoir consulté les membres du clergé que nous avons pu voir, particulièrement ceux de notre Conseil, et avoir rencontré partout une approbation entière de notre plan, nous vous proposons donc de remplacer les différentes quêtes indiquées pour le Collège et l'Évêché par une seule contribution annuelle, et cette contribution sera en moyenne, de quinze sous ou la valeur de quinze sous, par communiant, pendant dix ans. Nous sommes d'ailleurs persuadé que beaucoup de familles à l'aise n'hésiteront pas à offrir deux, trois ou quatre piastres annuellement, afin de suppléer à la pauvreté de quelques-uns de leurs co-paroissiens. Quel est celui d'entre vous qui ne dépense pas inutilement ou mal à propos la valeur de quinze sous par année? Or voilà les étrennes que nous demandons au nom de l'Enfant Jésus à chaque communiant de notre diocèse. » Doc. 1870 Institution canonique d'un séminaire diocésain, le 4 novembre 1870 « A ces causes, le Saint Nom de Jésus invoqué, et nous mettant sous la protection de la Sainte Mère de N.S J.C. , sur celle de St-Joseph et de St-Germain; après avoir pris l'avis de notre Conseil, Nous avons statué et statuons comme suit :1/ En vertu de notre pouvoir ordinaire, et pour nous conformer aux prescriptions du Saint Concile de Trente, dans sa 23e session, chap. 18 de Reformatione, Nous érigeons le Collège ou Séminaire déjà construit dans notre ville épiscopale, en Séminaire diocésain sous le nom de Séminaire de St-Germain de Rimouski, et l'instituons canoniquement comme tel par le présent Mandement. 2/ Il aura pour but principal et essentiel de préparer les jeunes gens à l'état ecclésiastique, aussi bien que les clercs aux fonctions du saint ministère. 3/ Nous lui donnons comme premier Patron Saint-Antoine de Padoue, et pour Patrons secondaires les Saints Anges Gardiens. 4/ Nous voulons et entendons que le dit Séminaire soit à perpétuité soumis à la juridiction et au contrôle immédiats de Nous-même et de nos Successeurs, et dirigé par les prêtres que nous appellerons à y remplir les diverses fonctions, selon la Constitution et les Règlements que Nous aurons donnés ou approuvés. Que le Seigneur daigne répandre sur ce Séminaire ses bénédictions et ses grâces; qu'il en remplisse les maîtres de l'esprit de sagesse, de science, de zèle et de dévouement, qu'il fasse avancer chaque jour dans la voie de la perfection les élèves du sanctuaire qui s'y prépareront aux redoutables fonctions du sacerdoce; qu'il inspire enfin aux jeunes qui étudieront dans cette maison les lettres et les sciences humaines, des sentiments de piété, de modestie et de docilité, l'amour constant du travail et l'exacte obéissance de la discipline. [ … ] Donné en notre demeure épiscopale, ce quatrième jour de novembre, fête de Saint-Charles Borromée, mil huit cent soixante-dix. + Jean, év.. de St-Germain de Rimouski » Doc. 1871 Des renseignements sur la construction en marche « Maintenant, Nos Chers Frères, nous avons la douce confiance que vous ne laisserez pas votre ardeur se ralentir. Ceux qui ont eu l'occasion de venir à Rimouski ont pu se convaincre par leurs propres yeux de l'étendue et de la solidité des ouvrages commencés. Les murs sont élevés au-dessus des fenêtres du premier étage, dans une moitié environ de la bâtisse; et dans l'autre moitié ils sont sortis de terre. Cet hiver, on continue à tirer et à préparer la pierre dans la carrière, et le bois dans la forêt; bientôt on aura besoin de nouvelles corvées pour charroyer ces matériaux, ainsi que la brique. Il faudrait absolument ouvrir au moins une aile, sinon la moitié de l'édifice l'automne prochain. Vous comprenez facilement, N.C.F., quelle masse de pierre, de brique, de chaux, de bois de toute espèce, exige un édifice de près de 250 pieds de front, deux ailes de 100 pieds chacune, sur 50 de largeur, à trois étages, avec des caves où l'on entre en voiture. Chaque semaine, le prêtre qui se dévoue à cette besogne, ne paye pas moins de $100 à $150 pour la main d'œuvre et les matériaux. »Mgr Jean Langevin (Lettre pastorale du 18 décembre 1872 sur l'oeuvre du Séminaire, no 23, vol. 2, p. 3) Doc. 1876 Il y a cent ans… Une bénédiction difficile « C'est dans cette atmosphère survoltée que le conseil du Séminaire fixe la date nouvelle de la bénédiction, le 31 mai 1876. Les préparatifs font un peu oublier les dissensions et le chroniqueur se surprend à distribuer des compliments. Mais il n'est pas dit que la fête sera sans nuage. Les Rimouskois sont les premiers à mettre du sable dans l'engrenage. Le dimanche, 21 mai 1876, le curé Joseph-Arthur Auger « appelle la malédiction du ciel sur les vendeurs de boisson en contravention à la loi. Les gens sont consternés. Un grand nombre sont très mécontents et refusent de prendre part à la fête du Séminaire ». Ainsi, quand les élèves s'affairent à la construction des arcs de triomphe, « les citoyens se tiennent généralement sur la négative ». Seul l'enthousiasme écolier des derniers jours les réveille un peu. Et le grand jour arrive. La veille, le mardi 30 mai, une délégation rimouskoise se rend à Rivière-du-Loup à la rencontre des invités de marque - six évêques, de nombreux prêtres, quelques laïcs - qui passent du Grand Tronc à l'lntercolonial « tout pavoisé, surtout l'engin qui est paré de couronnes ». Le lendemain, après une solennelle messe pontificale, l'archevêque de Québec préside la bénédiction qui est suivie d'un dîner froid et d'une soirée dans la grand'salle du nouveau séminaire. La journée est fastueuse et le chroniqueur ne peut s'empêcher de remarquer: « Tous les étrangers se sentent incapables d'exprimer leur étonnement du succès de la fête, de la civilisation et du progrès de Rimouski, ainsi que de la beauté de ses édifices religieux et de la splendeur de ses fêtes qui égale celles des grandes villes de la Province. » Oui la fête a été splendide, mais elle a donné lieu à quelques petits incidents. D'abord, au dîner qui regroupe environ 105 personnes, on assiste à un règlement de compte: « Places officielles données à M. D. Vézina, Dumas (nouveau procureur) & Couture du Sém. - MM. Simard & (Th.) Bérubé n'en ayant point reçu de spéciales n'ont pas voulu se mettre à table où il y avait plusieurs places de surplus ». Outrés, ces derniers « se retirent des préparatifs de la soirée ». D'autre part, les discours officiels réveillent les échos de la querelle à propos du fondateur du séminaire (10). Partisan irréductible de l'abbé Georges Potvin, Couture juge les orateurs d'après les éloges qu'ils font de son idole. Mgr Antoine Racine fait le sermon à la messe pontificale; « M. Potvin y est mis en oubli dans 1'historique du Séminaire » et le chroniqueur trouve l'action et l'élocution du prédicateur « assez monotones ». À la séance du soir, deux discours sont consacrés aux origines du séminaire de Rimouski. Le premier, de l'abbé Thomas Bérubé, est un franc succès: c'est un éloquent historique de la maison « fondée par M. Tanguay (...) et relevée par M. Potvin ». Le second n'a même pas pu être achevé: « on se rappellera longtemps, écrit toujours Couture, le fiasco de M. Derome (François-Magloire Derome, beau-frère de Mgr Langevin) qui ayant la voix étouffée n'a pu se faire entendre au milieu du tumulte, des sifflements et du tapage de la partie rustique et sans éducation de l'auditoire (1 000 personnes), malgré les deux avertissements de l'Évêque et du Gr. Vicaire (Edmond Langevin), de garder le silence. » Sans doute l'orateur était-il indisposé, mais n'avait-il pas osé dire « que l'histoire du Séminaire avant l'arrivée de Mgr Langevin n'est pas longue » ? Et Couture d'exploser:
Le 2 juin 1876, tous les visiteurs sont partis et la vie reprend son cours ordinaire. Quelques classes sont déménagées dans le nouveau séminaire, mais l'emménagement ne sera terminé qu'en septembre. L'argent manque de plus en plus; l'organisation d'une loterie corrige en partie la situation. À l'usage, la bâtisse s'avère difficile à chauffer et ses habitants gèlent au moment des grands froids. Mais le manque de confort n'empêche pas la vie intellectuelle et le séminaire de Rimouski semble en plein essor quand, le 5 avril 1881, un incendie détruit l'édifice si difficilement construit. Tout est à recommencer... » Nive VoisineDépartement d'histoire, Université Laval. Doc 1881A L'incendie du Séminaire : réaction de Mgr Jean Langevin « Un grand malheur vient de nous frapper, Nos Chers Frères : notre séminaire diocésain est en cendres! Ce matin même, dans l'espace d'une couple d'heures, le fruit de tant de sacrifices, de tant de sueurs, de tant d'efforts, a été complètement anéanti! C'est dans un pareil moment, N.C.F., qu'il faut savoir se résigner aux vues impénétrables de la divine Providence et baiser humblement la main qui nous frappe. Le Seigneur nous l'avait donné, il nous l'a enlevé : que son Saint Nom soit béni!Au milieu de cet affreux désastre, nous avons à remercier sa bonté de ce qu'aucune vie n'a été sacrifiée, l'incendie s'étant déclaré vers sept heures ce matin; mais que de ruines matérielles! Que d'infortunes individuelles! Quelques-uns des prêtres de la maison, plusieurs des ecclésiastiques, ont presque tout perdu, le feu ayant déjà fait de grands progrès avant qu'on s'en soit aperçu. La plupart des élèves du Petit Séminaire ont vu une bonne partie de leurs effets, surtout leurs lits, devenir la proie des flammes. Le séminaire lui-même a perdu des musées précieux, des bibliothèques entières, des instruments de physique, beaucoup de ménage, tout le mobilier des classes, etc. Nous sommes bien certains, N.C.F., que vous Nous accorderez votre plus vive sympathie dans une telle calamité, et que cette sympathie va se prouver par une généreuse offrande. C'est votre Évêque, ce sont vos prêtres, ce sont les enfants du diocèse, qui vous tendent la main et vous prient de venir au secours de leur détresse. » (Mgr Jean Langevin, Lettre pastorale du 5 avril 1881) Doc. 1881B Retour à l'ancienne église
« Après le désastreux incendie d'avril 1881, le personnel du séminaire réoccupa l'ancienne église de Rimouski où avaient vécu les générations
de 1863 à 1886. C'était, après l'épreuve, le retour aux pénibles jours du début. Les murs de la vieille église ne s'étaient pas dilatés et,
déjà, en 1876, elle ne pouvait pas contenir toutes les classes dont quelques-unes durent être aménagées dans la grange et au-dessus de l'écurie
situées en face. » Doc. 1883 L'abbé Ferdinand-Elzéar Couture, tel que l'a connu l'abbé Médard Belzile « À son arrive à Rimouski, le collège en était à sa première période de formation. Après plusieurs années de travail et au milieu de difficultés et de contre-temps de toute sorte, on était parvenu à donner l'enseignement des matières du cours commercial et du plus grand nombre de celles du cours classique. Avec lui, le cours d'études fut complété, et l'on peut voir l'organisation qu'il en fit par les programmes détaillés qui sont conservés dans les archives du Séminaire.Les études reçurent une grande impulsion par les examens du baccalauréat qui se firent d'abord sous la surveillance d'un prêtre envoyé par l'Université. On ne tarda pas à avoir l'affiliation, ce qui eut lieu en 1872. Il organisa les différentes sociétés écolières, qui sont un complément du cours d'études : celle qu'on appelle « St-Louis de Gonzague », avec ses séances hebdomadaires, ayant pour but l'art de la parole; une autre du même genre, du nom de « St-Stanislas de Kostka », pour le cours commercial; « l'Académie St-Jean », d'un caractère plus élevé, et qui, par les décorations qu'elle donne et les mentions qu'elle fait dans ses séances publiques des travaux de ses membres, est un puissant encouragement au noble travail littéraire. Il portait une grande attention à la diction. Il donnait sur ce point des conférences aux élèves. Il avait des connaissances en littérature, en histoire, en philosophie et dans les autres sciences. La philosophie, qu'il enseigna pendant un grand nombre d'années, attira plus son attention. Il n'était pas philosophe jusqu'à se prendre d'un beau feu pour les questions subtiles qui se discutent dans les écoles, mais il avait des connaissances plus spéciales sur la science sociale. Il était au courant des questions de son temps. Il était de l'école de Veuillot et franchement ultramontain. À coup sûr, à ce point de vue il exerça une influence autour de lui. Durant les dernières années, il s'occupa aussi de musique vocale, pour se distraire, disait-il, de ses occupations parfois bien absorbantes. Il se mit à étudier le solfège, et en peu de temps, il avait transporté dans ce domaine les aptitudes qu'il faisait valoir ailleurs. Il organisa une société chorale. Il aurait bien voulu l'appeler « orphéonique », mais il finit par lui donner le titre plus modeste de « philharmonique ». Sans aucun doute, il se rappelait qu'autrefois, on avait changé le nom de sage pour celui de philosophe. Néanmoins, il appelait toujours ses musiciens : « les orphéons ». La Société Philharmonique avait un bon répertoire de cantiques en partitions pour les mois de Marie et du Sacré-Coeur. On pouvait toujours compter sur son concours pour une messe de communauté que l'on voulait rendre plus solennelle à raison de quelque circonstance. Elle se fit entende aussi plusieurs fois dans les soirées. Au physique, il était grand de taille, et on aurait pu dire de lui ce que l'on disait de Louis X1V, que la moindre de ses actions était relevée par une grande dignité. Ajoutons encore qu'il ne se bornait pas à effleurer les sommets et à rester dans les grandes lignes, mais qu'il savait aussi descendre dans les détails; c'était pour lui un caractère essentiel de l'ordre. « Le bon élève, nous disait-il souvent, ne néglige pas les petites choses », et plus tard : « Le bon professeur est un homme de détails ». J'ai dit qu'à cette époque le Collège de Rimouski en était à sa période de formation. Un collège en effet, surtout dans une jeune localité, ne naît pas formé tout d'une pièce. Et par suite, il faut reconnaître que l'on doit beaucoup à ceux qui nous ont ainsi précédés : ils ont ouvert la route, ce qu'ils ont fait reste et devient tradition. Et il est facile de constater que beaucoup de traditions du temps que je rappelle sont conservées et demeureront longtemps. » Doc. 1889 Mgr Edmond Langevin « insigne bienfaiteur » du Séminaire « Tous les ans, il protégeait un grand nombre d'étudiants; il leur fournissait des livres, des habits, à plusieurs même il donnait une pension complète. Et cette liste de protégés qui est déjà bien longue s'augmenterait encore, car, en faisant connaître ses dernières volontés, il a exprimé l'intention qu'une partie des biens qui lui restaient fussent employés à la fondation de bourses pour les élèves pauvres du grand et du petit séminaire. Nous pouvons donc avec raison le considérer comme un insigne bienfaiteur. Il aimait le Séminaire, il y était attaché, il vivait pour ainsi dire de notre vie, prenant part à nos joies et à nos tristesses. »(Annuaire du Grand et du Petit Séminaire de Rimouski pour l'année académique 1889-90, no 3, p. 12-13) Doc. 1892 Fondation du journal étudiant Le Jeudi « C'est cette année-là, 1891-1892, que naquit son ancêtre [celui de la Vie Écolière]. On n'avait pas alors les facilités de notre époque, quoiqu'en puisse faire penser la crise économique. Rimouski n'avait pas alors un seul journal. Une toute petite et bien primitive imprimerie existait chez M. Dion, le père de M. l'avocat Aimé Dion. On ne pouvait songer à payer des frais d'imprimerie, et l'on se contentait d'un stylo et de la polycopie. Ce qui fit dire à un malin que le journal manquait de caractère. Il se nommait Le Jeudi, si je me rappelle bien. Combien de temps a-t-il duré? De plus heureuses mémoires pourront le rappeler. »(Témoignage de Mgr F.-X. Ross, évêque de Gaspé, à l'occasion du conventum de 1920) |